De toutes nos forces

La course de triathlon de l'Ironman porte bien son nom. Il s'agit, en moins de 16 heures, de nager 4 km, puis d'en faire 180 à vélo, avant de terminer par 42 kilomètres de course à pied. Gravement handicapé et en fauteuil roulant, rêvant à l'inaccessible, un ado, Julien (Fabien Héraud), propose à son père qu'ils relèvent le défi ensemble.

Tiré d'une histoire vraie, ce film tendre et émouvant nous raconte avant tout l'histoire d'une famille dans la tourmente. Paul (Jacques Gamblin) est le père. Vingt ans plus tôt, il a tenté, sans en venir à bout, le fameux triathlon. C'est aujourd'hui un père absent, tourmenté, mal à l'aise face au grave handicap de son fils. Plus qu'une histoire de sport, c'est donc de la reconstruction d'une famille tout entière qu'il est question, puisque ses membres vont réapprendre à se connaître, à s'aimer, à s'accepter et à se respecter au travers du défi sportif.

Un sujet éminemment dangereux, propice à de grandes envolées pleines de guimauve et de sentimentalisme. Mais non: en digne fils de son père, Nils Tavernier soigne le scénario et la mise en scène, ayant compris que l'histoire est suffisamment forte sans avoir besoin de la souligner à grands renforts de violons. A l'exception d'une musique parfois trop présente et d'une scène anecdotique et inutile dans un restaurant, tout se déroule avec justesse, retenue et délicatesse. L'acteur Fabien Héraud, réellement handicapé, est très touchant. Alexandra Lamy, pour une fois sobre et intérieure, est parfaitement crédible dans le rôle de la mère. Quand à Jacques Gamblin, il est, osons le mot, sublime, nous faisant passer par tous les états d'âme. Et si les yeux se mouillent lors de la dernière scène, c'est grâce à lui. Voici donc un film pour toute la famille, qui touche, divertit et tient en haleine. Et qui est de plus une belle carte postale, filmée en décors naturels des montagnes savoyardes à la Côte d'Azur.