Terre des ours

Jusqu'alors scénariste de documentaires, Guillaume Vincent a tourné le premier film sur des animaux sauvages en 3D, et il propose, par le truchement de la société de James Cameron (Avatar) des images saisissantes - par exemple celle d'une tanière où hibernent une ourse et ses deux petits (qui, eux, se réveillent trop tôt, tenaillés par la faim. On imagine le déploiement technique qu'ont nécessité les 27 semaines de tournage: équipe de 12 personnes, hélicoptères, canots pneumatiques, plongeurs (dont le photographe animalier fribourgeois Michel Roggo), sans parler des équipements permettant d'affronter des températures de 40° sous zéro.
En ouverture, des ruisselets d'eau fumante alternant avec de vastes étendues enneigées. On est dans l'Extrême-Orient russe, sur la péninsule subpolaire du Kamchatka, où une trentaine de volcans, sur les quelque 300 que comptait la région, sont encore en activité. Des milliers d'ours vivent là-bas au rythme de la nature et des saisons, avec un hiver qui dure huit mois. C'est dire qu'ils doivent mettre les bouchées doubles pour se préparer à une si longue hibernation. Heureusement, des millions de saumons remontent les cours d'eau pour aller se reproduire sur leur lieu d'éclosion. Dans le meilleur des cas, les ursidés dévorent une cinquantaine de poissons par jour.
Images saisissantes, disions-nous, hélas plombées par une musique saoulante style Vangelis... et par un commentaire redondant dit par Marion Cotillard sur un ton un peu «gnangnan». Certes, on reçoit quelques informations intéressantes (ainsi, un ourson sur deux ne dépasse pas l'âge de deux ans, et les grands mâles peuvent peser jusqu'à 900 kilos et mesurer trois mètres de haut debout). Mais la lenteur du film risque d'émousser l'intérêt des têtes blondes...