Beau travail

Une histoire de légion étrangère hantait Claire Denis. Elle en a tiré son dernier film, inspiré d'une nouvelle de Hetman Melville. Perdu dans le nord africain, à Djibouti, un bataillon poursuit ses exercices. Le jeu se joue non pas entre troupes ennemies, mais dans le mal d'amour, qui se traduit ici par une admiration exclusive, maladive même. Il s'agit de l'adjudant Galoup (Denis Lavant), silencieux serviteur de son chef, le commandant Bruno Fores­tier (Michel Subor). Qu'arrive un nouveau, jeune et brillant légionnaire, et l'équilibre est rompu. Gilles Sentain (Grégoire Colin) est réellement trop parfait pour ne pas attirer l'attention de Forestier. Il reste dès lors à Galoup la solution de le détruire.

Beau travail a fait partie de la Sélection officielle du dernier Festival de Venise. On peut en déduire que le film offre un intérêt. De fait, les images magnifiques mêlées à une velléité documentariste sont dignes d'attention. C'est le scénario qui pêche, inconsistant, fleurant l'eau de rose, ne se décidant pas entre les genres. Le documentaire lui suffirait si Claire Denis avait creusé un peu la réalité du légionnaire, sa raison d'être ou de n'être pas. La fiction n'apporte rien, maigrelette et vague, alors qu'elle voudrait faire choc en misant sur le non-dit. L'ennui, c'est qu'on en sort en pensant qu'il n'y a rien à dire.