Abus de faiblesse

Affiche Abus de faiblesse
Réalisé par Catherine Breillat
Pays de production France
Année 2012
Durée
Musique Didier Lockwood
Genre Drame
Distributeur frenetic
Acteurs Isabelle Huppert, Christophe Sermet, Kool Shen, Laurence Ursino, Ronald Leclercq
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 696
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le scénario ne peut que tenir la route, il s’agit de l’histoire vécue par Catherine Breillat elle-même, victime en 2005 d’un accident vasculaire cérébral. Ni son livre (Fayard, 2009) ni son film n’ont été un exutoire, explique-t-elle. Elle n’a fait que profiter d’un sujet qui lui tombait sous la main. Une hémorragie cérébrale, donc, mais pas seulement. Remise à demi puisque hémiplégique, elle reprend tant bien que mal son travail et cherche un comédien pour son prochain film qu’elle trouve par le biais d’une émission télévisée en la personne d’un escroc. Ce héros improvisé va faire beaucoup pour l’aider, certes, mais il s’aidera surtout lui-même, lui faisant signer 17 chèques, entre 2007 et 2008, soit quelque 750'000 euros. La cinéaste a porté plainte pour abus de faiblesse.
O ne peut approcher ce film sans prévention: mélo, déballages intimes, exploitation pleurnicheuse de fait divers? Heureusement, Catherine Breillat est plus subtile. Elle écrit soigneusement son film, prenant ses distances de manière à laisser la fiction supplanter l’histoire vécue. Maud Schoenberg (Isabelle Huppert) et Vilko Piran (Kool Shen) forment un couple étonnant, jouant l’un et l’autre à qui sera le plus fort. Du moins est-ce le sentiment qui semble animer la malade. L’intérêt de l’œuvre repose sur l’ambiguïté des personnages, et Isabelle Huppert construit formidablement bien le sien.
Le film est long, les mêmes séquences reviennent sans cesse, Maud couchée avec son téléphone par exemple. On peut l’interpréter comme un ressassement et s’ennuyer. Pourtant, on peut aussi y mesurer  l’enfermement dans lequel l’infirme tourne en rond, volontaire, mais chutant au premier obstacle. Le chèque qu’elle signe apparaît alors comme le défi de conserver son libre arbitre. Ce que le dernier plan vient démentir cruellement. Là encore, Huppert est remarquable. Au point qu’on se demande si ce film pourrait exister sans elle…

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12
Georges Blanc 11
Daniel Grivel 10
Antoine Rochat 11
Anne-Béatrice Schwab 13