Mère et fils

Affiche Mère et fils
Réalisé par Calin Peter Netzer
Pays de production Roumanie
Année 2013
Durée
Genre Drame
Distributeur filmcoopi
Acteurs Luminita Gheorghiu, Bogdan Dumitrache, Ilinca Goia, Natasa Raab, Florin Zamfirescu
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 696
Bande annonce (Allociné)

Critique

Cornelia (Luminita Gheorghiu), 60 ans, appartient à la grande bourgeoisie de Bucarest, dont elle fréquente la haute société. Alors qu'elle assiste à la répétition d'un opéra, sa soeur Olga (Natasa Raab) lui apprend que Barbu, son fils unique (Bogdan Dumitrache), avec qui les relations sont tendues, vient de renverser et de tuer un enfant. Arrivée au commissariat, où elle retrouve le jeune homme, elle conteste les détails de la procédure, fait modifier la déposition et entreprend de faire jouer ses relations. Puis elle rencontre Carmen (Ilinca Goia), la compagne de Barbu, pour laquelle elle n'éprouve, par jalousie, aucune estime, et cherche à savoir où en est leur vie de couple. S'ensuit une confession déplacée sur leur sexualité. Avant de se rendre chez les parents de la victime, où elle a forcé son fils à l'accompagner, ils se retrouvent dans un bar où Barbu somme sa mère de ne plus le contacter, d'attendre qu'il en prenne l'initiative...
Mère et fils partage les partis pris esthétiques de ce qu'on appelle déjà la nouvelle vague du cinéma roumain: plans rapprochés, caméra à l'épaule, montage de plans-séquences, regard sans concession essentiellement porté sur la société contemporaine, regard aux allures de diagnostic à l'os. Bien que non théorisés ni édictés en charte, ces partis pris ne vont pas sans rappeler, à quelques différences près, ceux naguère revendiqués par Dogma.
Ici, une femme de chirurgien appartenant à la bourgeoisie fortunée de Bucarest, dont elle fréquente le gratin, tyrannise son entourage et tente, en juste métonymie de l'époque, de corrompre et de manipuler tout ce qui peut l'être. «L'enfer, c'est les autres», disait Sartre. Celui-ci s'apparente ici à une mère de famille exclusive et dominatrice, métaphore parfaite d'une société de nantis qui, chaque jour, outrepassent les limites de la décence, du respect, de l'empathie. Prévu pour inspirer un sentiment de suffocation, le cadre du film - au sens photographique du terme - convient idéalement au portrait de cette femme étouffante dont chaque geste, chaque décision, asphyxie et phagocyte le libre arbitre de son fils, les possibilités qui sont les siennes de reconnaître sa faute, d'en assumer la responsabilité, d'en mesurer tout à fait la gravité.
Il n'est pas nécessaire enfin d'idolâtrer les acteurs pour rendre justice à la prestation de Luminita Gheorghiu, éblouissante en Cornelia, que la caméra semble ne pas lâcher un instant. Légitimement récompensé de l'Ours d'Or au Festival de Berlin en 2013, Mère et fils vaut absolument le temps que lui consacreront les spectateurs. Et bien davantage encore.

Roland Hélié in Fiches du cinéma 2014

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 16