Critique
Celui qui a voyagé, libre de toute agence touristique, dans les pays d'Afrique du Nord, comprendra que Pierre Nivel (Antoine de Caunes), pied noir de son identité, veuille revenir à Alger où il a grandi. Celui qui a suivi les événements qui déchirent l'Algérie depuis les «émeutes du pain», en 1988, admettra moins la naïveté de ce journaliste, immergé dans ses souvenirs de jeunesse au point de risquer la vie de ses amis d'autrefois. Et de fait, cette candeur qui baigne le dernier film d'Alexandre Arcady gâche non seulement le plaisir du film, mais trompe lourdement sur la réalité algérienne.
Tout y est esthétisme, passion, danger, comme dans la plus romanesque des tragédies. Belles images, certes, et le décor de ce nord africain ne peut que séduire. Mais que dire d'autres? Peut-on se plaire en tant que public, face à un écran superbe où l'histoire s'habille d'illusion, alors qu'on la sait tuant sans pitié à quelques encablures de Marseille?
Geneviève Praplan