Philomena

Affiche Philomena
Réalisé par Stephen Frears
Pays de production Grande-Bretagne, France, U.S.A.
Année 2013
Durée
Musique Alexandre Desplat
Genre Drame
Distributeur pathefilms
Acteurs Judi Dench, Steve Coogan, Sophie Kennedy Clark, Anna Maxwell Martin, Peter Hermann
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 693
Bande annonce (Allociné)

Critique

Comment des couvents catholiques ont-ils brisé des adolescentes? Voilà une question qui devrait interpeller davantage. Stephan Frears y ajoute la confrontation de deux personnalités que tout oppose.
Dans le contexte d’une Eglise sclérosée sur la question sexuelle, des catholiques se sont autorisé, en toute bonne conscience, des jugements et des condamnations aux conséquences dramatiques, le plus souvent adressés aux femmes. L’Irlande, parmi d’autres, s’est signalée par ses internats de travaux forcés, destinés à inculquer une morale à des adolescentes «souillées».
En 2002, le film de Peter Mullan, The Magdalena Sisters, a démontré l’horreur de ces établissements dont le dernier a fermé en 1996 seulement. Des milliers de femmes y ont souffert, enfermées et condamnées à travailler gratuitement sous la direction de religieuses, pour s’être retrouvée enceintes hors mariage, ou pour s’être comportées de façon «immorale», selon la sentence de personnes bien pensantes.
Stephan Frears fait revivre le drame de Philomena Lee (Judi Dench). L’histoire est vraie. En 1952, Philomena, 14 ans, est rejetée par sa famille parce qu’elle attend un enfant. Recueillie par le couvent de Roscrae, elle travaille à la blanchisserie pour payer sa prise en charge et celle de son petit garçon qu’elle peut voir une heure par jour et qui lui sera enlevé à l’âge de 3 ans pour être adopté. Par qui? On ne le lui dira jamais. Cinquante ans plus tard, Philomena se décide à parler au journaliste Martin Sixsmith (Steve Coogan, excellent); ils vont entreprendre ensemble de nouvelles recherches.
Philomena a obtenu le Prix du meilleur scénario à la dernière Mostra de Venise. Comment s’en étonner? Le film est d’une telle richesse… Ses personnages d’abord. Une Philomena merveilleuse de générosité et de candeur, que Judi Dench campe délicieusement: petite dame fragile et drôle, sans instruction, confite dans un sens suranné de la religion, toujours prompte à pardonner, passionnée de romans  à quatre sous et de télévision…. Et puis, finalement, pas si naïve que ça!
Le second personnage est tout autre. Le journaliste Martin Sixsmith, formé dans les grandes universités britanniques, désabusé par les mauvais coups de la vie, est constamment surpris par la vieille dame.
Le drame de Philomena est puissant pour un scénario. Mais il y a plus, ce sont les caractères des deux protagonistes qui assurent à eux seuls une bonne part de la tension du film. L’incongruité de leur couple fait surgir de multiples questions déclinées à la lumière de leurs points de vue; le pardon, l’obscurantisme, la pauvreté, l’homosexualité, l’éducation…. «Les deux personnages finissent par accepter qu’il existe des opinions différentes et ce faisant, posent un regard nouveau sur leur propre existence», relève Steve Koogan.
Avec des personnages aussi bien construits, Stephan Frears n’a pas besoin d’effets pour dérouler le fil de cet excellent scénario. La sobriété de sa mise en scène fait merveille, toute l’attention est captée par la vieille dame et le journaliste. L’histoire avance toute seule, dans une alternance d’humour et de mélancolie. Philomena est un bel exemple de persévérance et d’empathie, un excellent film pour commencer l’année.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 18
Daniel Grivel 18
Georges Blanc 17
Anne-Béatrice Schwab 16
Serge Molla 18