Réalisé par | Lars von Trier |
Pays de production | Danemark, Allemagne, France, Belgique |
Année | 2013 |
Durée | |
Genre | Erotique, Drame |
Distributeur | elitefilms |
Acteurs | Charlotte Gainsbourg, Christian Slater, Stellan Skarsgård, Shia LaBeouf, Stacy Martin |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 694 |
La vision d'un film du grand réalisateur danois ne laisse jamais indifférent ni indemne. Le titre explicite et provocateur annonce d'emblée la couleur: ce n'est pas la vie d'une petite oie blanche qui va nous être contée. Et pas en résumé, puisque le volume 2 doit être présenté à la prochaine Berlinale. Au reste, l'affiche aligne les portraits des protagonistes en plein orgasme...
Extérieur nuit. Une toiture en tôle ondulée dégoutte de pluie mêlée de neige, ruisselant sur des façades de briques noircies par la suie et résonnant sur les couvercles de poubelles. Dans une arrière-cour sordide gît le corps inanimé d'une femme au visage ensanglanté. Survient un passant qui ne voit rien mais qui, de retour d'achats dans une épicerie, remarque la victime et lui porte secours. Comme elle refuse l'ambulance comme la police, l'homme l'amène chez lui, la sèche, la réchauffe et l'installe dans un lit. Elle, c'est Joe (Charlotte Gainsbourg); lui, c'est Seligman, littéralement «le bienheureux» (Stellan Skarsgård), Juif non religieux mais vrai bon Samaritain. Avec empathie, il écoute la confession de Joe. Se succèdent alors huit chapitres évoquant l'adolescence et les jeunes années de celle qui se déclare une nymphomane enragée, partagée entre une mère froide et un père aimant. Huit chapitres conduisant le spectateur à travers une sorte de cabinet de curiosités.
Le premier part d'un traité d'Izaak Walton, gentleman anglais du XVIIe siècle auteur d'une véritable bible, «Le parfait pêcheur à la ligne», dans lequel il développe la philosophie de la pêche à la mouche. Attraper les hommes comme des poissons, tel est le programme de la jeune Joe (Stacy Martin) qui, à 12 ans, demande à un copain de la dépuceler, ce qu'il fait avec autant de détachement que dans la réparation de son boguet à laquelle il se livrait... Puis, avec des copines délurées, elle fonde une sorte de sororité dont les membres s'engagent à ne jamais avoir plus d'un rapport sexuel avec le même homme: il s'agit de bien séparer le sexe de l'amour. S'ensuivent toutes sortes d'expérimentations et de variations sur le même thème (la musique est importante dans le film, et j'en veux à Lars von Trier d'avoir à plusieurs reprises associé la sonate pour violon et piano de Franck à des scènes scabreuses!); Joe baise à temps et à contretemps, elle connaît une vie pleine de coups et d'à-coups, assiste à la mort prématurée de son père chéri, convulsé par le delirium tremens.
Cabinet de curiosités, disais-je. Le spectateur a droit à un distinguo entre l'antisionisme et l'antisémitisme (séquelle d'un anathème cannois?), à une galerie de pénis en gros plan, à une leçon sur les pièces d'orgue et le cantus firmus, à des scènes explicites se particularisant par des artifices grâce auxquels les visages et les torses des amants sont ceux des acteurs tandis que les parties basses sont celles de professionnels du cinéma porno. Il apprendra que, paraît-il, si l'on mettait bout à bout (!) tous les prépuces coupés depuis que la circoncision existe, ils atteindraient la distance de la Terre à Mars et retour... Il appréciera que Charlotte Gainsbourg n'ait pas été compromise dans des scènes osées, sinon par le truchement de son double juvénile.
D'aucuns verront dans Nymphomaniac - Volume 1 le témoin du génie de Lars von Trier, de sa curiosité intellectuelle, de sa vision singulière de la femme et de l'homme ainsi que de la sexualité et de l'amour. Pour ma part, je me suis plutôt ennuyé devant la répétitivité du thème («la chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les livres...») et j'ai eu le sentiment d'être devant un grand n'importe quoi, réalisé avec talent certes, mais pourquoi et pour quoi? Je préfère m'en tenir à Breaking the Waves, Dancer in the Dark, Dogville, Le Director et même Melancholia.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Daniel Grivel | 11 |
Georges Blanc | 10 |
Geneviève Praplan | 12 |
Anne-Béatrice Schwab | 15 |