Critique
Emmanuel Finkiel a été assistant réalisateur pour Kieslowski, Bertrand Tavernier et Godard. Avec VOYAGES, il a décroché le prix de la jeunesse à la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes. Ce premier long métrage, en trois parties, prend à pleine focale la mémoire des rescapés juifs du génocide par les nazis. A soixante-cinq ans, Riwka (Shulamit Adar) a voulu revoir Auschwitz où sont morts son père et sa soeur. Son mari l'a accompagnée, mais il ne la comprend pas du tout et ce premier volet traduit l'âpreté de cette incompréhension. Régine (Liliane Rovère) vit à Paris, elle aussi a perdu sa famille dans les camps nazis. Son père notamment. Si bien que lorsque Graneck (Nathan Cogan) lui téléphone comme un fantôme, ses jambes se dérobent sous elle. Mais cet homme est-il bien son père? Véra (Esther Gorintin) a huitante-cinq ans. Elle vient de rompre définitivement avec sa vie moscovite pour venir s'installer en Israël où personne ne parle le yiddish. Ces trois femmes ne se connaissent pas. Mais si elles sont choisies par le réalisateur, sur la base de récits véridiques, c'est parce que leurs chemins se croisent au bout du triptyque. Film parfois maladroit, mais attachant et courageux, VOYAGES devient particulièrement émouvant dans sa troisième partie. Esther Gorintin fait de Véra un magnifique personnage, qui trouve sa force dans sa fragilité.
Geneviève Praplan
