Henri

Près de Charleroi dans le Borinage, Henri (Pippo Delbono) tient avec sa femme Rita (Lio) un petit café-restaurant. D'origine italienne, il est plutôt taciturne et vaque à ses occuptaions avec une régularité d'horloge; il aime boire des verres avec ses potes Bibi (Jackie Berroyer) et René (Simon André), des piliers de comptoir partageant sa passion pour les pigeons voyageurs. La mort subite de sa femme laisse le quinquagénaire désemparé. Sa fille lui suggère de se faire aider par un «papillon blanc», sobriquet des résidents d'un foyer pour handicapés mentaux du même nom, proche du bistrot. La jeune Rosette (Candy Ming), dont la déficience intellectuelle est légère, rend des services appréciés, tout en continuant de loger dans l'institution. Son rêve est de connaître l'amour, de vivre sa sexualité et de mener une existence normale. Un soir où Henri, qui se laisse aller, a trop arrosé son blues et s'est fait engueuler par sa fille, Rosette lui manifeste de la tendresse puis déclare à sa compagne de chambre qu'elle est enceinte, ce qui lui vaut l'interdiction de retourner au travail. Commence alors une escapade à deux qui tourne au road movie.
Après Quand la mer monte (2004), Yolande Moreau confirme son talent de réalisatrice. Même si ses personnages sont plus rugueux de ceux de Gabrielle, ils sont regardés avec tact et tendresse. Bibi et René jouent un peu le rôle du choeur antique par leurs commentaires aigres-doux, mais Henri est un film où l'image parle davantage que les gens et exhale une ambiance à la Simenon. Il souffre (légèrement) de quelques petites longueurs mais renferme plusieurs pépites de pure poésie et d'émotion