Capitaine Phillips

Rich Phillips (Tom Hanks) est capitaine de la marine marchande étasunienne. On le voit, accompagné en voiture par sa femme, aller prendre l'avion pour embarquer sur son bateau dans un port du Proche-Orient. Tous deux, un brin désabusés, s'interrogent sur l'avenir de leurs enfants dans un monde de plus en plus globalisé et concurrentiel. Une fois à son poste, le capitaine prend connaissance de sa route: il s'agit d'aller à Djibouti puis de descendre sur Mombasa, en passant par le golfe d'Aden, zone infestée de pirates. Méticuleux, il contrôle toutes les mesures de sécurité et, en mer, déclenche une alarme-surprise afin d'exercer son équipage. Or il se trouve que le radar indique l'approche de deux bateaux rapides...
C'est que, auparavant, on a eu un aperçu de la vie d'un village de pêcheurs somaliens vivant dans le plus grand dénuement. Mis sous pression par des chefs de guerre, les hommes doivent mettre la main sur des navires marchands afin de rançonner les armateurs. On comprend vaguement que l'argent récolté doit servir à combattre la famine et à armer des clans. Le Maersk Alabama qui, paradoxalement, transporte des tonnes d'aide alimentaire internationale, est ainsi arraisonné par quelques va-nu-pieds, comme aurait dit le capitaine Haddock. Le capitaine Phillips, lui, ne perd pas son sang-froid et utilise sa parfaite connaissance de son bateau pour essayer de feinter les pirates, mais finit par devenir leur otage, enfermé avec eux à bord d'une embarcation de sauvetage.
Alors commence la mise en branle de la «cavalerie», comme dans un bon western... Sur le continent américain, mobilisation de SEALS, groupes d'intervention très pointus; en mer, détachement de vaisseaux militaires. Drone, hélicoptère, vedettes rapides, tireurs d'élite, un arsenal impressionnant est déployé contre quelques miséreux désespérés, et la victoire de la bannière étoilée sera assurée - à quel prix... trois jeunes pirates tués et un en prison pour trente ans.
On retrouve avec plaisir Tom Hanks, dans un rôle de solitaire rappelant celui de Seul au monde, et l'évolution de ses rapports avec Muse (Barkhad Abdi) est intéressante. Le contexte géo-politique aurait gagné à être un peu plus détaillé: la guerre civile ravageant la Somalie depuis la chute de la dicatature, la surpêche illégale dans les eaux africaines spoliant les pêcheurs locaux, le rançonnement des otages pratiqué par des organisations criminelles dont les pirates ne sont que les petites mains.