Critique
Avec CRYING GAME, Neil Jordan avait réalisé un film singulier et intéressant. INTERVIEW WITH THE VAMPIRE, agrémenté à la manière hollywoodienne, s'est révélé moins original. Voici maintenant THE END OF THE AFFAIR, qui donne au réalisateur britannique l'occasion de revenir sur le vieux Continent, avec un mélodrame d'un romantisme compassé, mais qui peut avoir son charme. L'histoire est celle du romancier Maurice Bendrix (Ralph Fiennes) et de Sarah (Julianne Moore) qui fut sa maîtresse avant de rompre brutalement alors que les bombardements de la deuxième guerre mondiale détruisaient des quartiers de Londres. Le romancier ignore la raison de cette rupture, Sarah lui a juré un amour éternel. Les spectateurs eux, finissent par apprendre que Sarah, qui se prétend incroyante, a fait le voeu de ne plus jamais revoir son amant si celui-ci survit aux bombardements.
L'idéalisme des sentiments éternels pèsent sur ce récit qui a cependant le mérite d'être bien organisé. Le drame est raconté du point de vue de l'écrivain, mais le jour où celui-ci tombe en possession du journal de Sarah, c'est sa vérité à elle qui fait surface. Comme Henry Miles (Stephen Rea), le mari de Sarah, éclairera à son tour sa propre vision des choses. C'est finalement la subjectivité de chacun des personnages qui crée l'objectivité de l'histoire. THE END OF THE AFFAIR est élégant, voire à la limite de l'esthétisme. Les rebondissements du mélodrame entretiennent l'attention, même s'ils ne sont pas vraiment crédibles.
Geneviève Praplan