Attila Marcel

«Attila Marcel» est d'abord une chanson que l'on a pu entendre dans Les triplettes de Belleville, premier long métrage d'animation de Sylvain Chomet. Après L'illusionniste, le réalisateur a décidé de passer à la prise de vues réelles, y ayant pris goût par sa participation au film collectif Paris, je t'aime (2006). En plus d'être un pastiche d'une chanson d'Edith Piaf, Attila Marcel (Guillaume Gouix) est le nom d'un catcheur professionnel, père disparu de Paul (le même Guillaume Gouix...), trentenaire vivant dans un appartement parisien avec ses tantes Annie (Bernadette Lafont) et Anna (Hélène Vincent), qui l'ont élevé depuis ses deux ans, sa mère étant décédée. Paul est devenu muet le jour où il allait dire «papa» et qu'il a été terrorisé par l'apparition soudaine de son géniteur... Pianiste accompli, il accompagne les cours de danse de salon donnés par ses tantes. La rencontre avec Madame Proust (Anne Le Ny), voisine excentrique, l'arrache à sa routine: elle détient la recette d'une tisane capable, grâce à la musique, de réveiller les souvenirs les plus lointains. Grâce à cette thérapie de re-naissance, Paul va trouver la joie de vivre.

Sylvain Chomet reconstitue un Paris des années 60 aux couleurs pétantes façon Amélie Poulain et propose toute une galerie de personnages pittoresques (on apprécie la regrettée Bernadette Lafont et on retrouve avec plaisir Luis Rego en accordeur aveugle). Le film déborde de musiques joyeuses, dont le fameux duo de Lakmé, et de moments poétiques; le réalisateur sait bien doser humour et émotion. Le rythme est un peu planplan, mais on prend plaisir à voir un divertissement de bon aloi, joliment hanté par les mânes de Tati et de Vian.