An Episode in the Life of an Iron Picker

Affiche An Episode in the Life of an Iron Picker
Réalisé par Danis Tanovic
Pays de production Bosnie-Herzégovine
Année 2013
Durée
Genre Documentaire
Distributeur trigonfilm
Acteurs Nazif Mujic, Senada Alimanovic, Semsa Mujic, Sandra Mujic
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 688

Critique

Engagé dans l’armée de la République de Bosnie-Herzégovine, Danis Tanovic a réalisé un documentaire sur la ligne du front pendant la guerre des Balkans. En 1994, il quitte sa terre natale pour la Belgique où il est admis en quatrième année à l’INSAS. Son premier long métrage, No Man's Land, huis clos entre un Serbe et un Bosniaque dans une tranchée durant la guerre, lui vaut le Prix du jury à la Berlinale 2001. Pour tourner An Episode in the Life of an Iron Picker, il retourne une fois encore dans son pays d’origine pour y témoigner cette fois-ci de la violence faite aux plus démunis, notamment ceux appartenant à la communauté rom, méprisée, discriminée et abandonnée à son sort. Ayant lu par hasard dans un journal l’histoire d’une femme dont l’enfant qu’elle portait était mort, et qu’aucun hôpital ne voulait opérer pour la sauver parce qu’elle n’était pas assurée et qu’elle ne pouvait payer l’intervention. Les supplications du mari, vaillant ferrailleur qui désosse des voitures à la casse pour payer de quoi faire vivre sa famille, sont vaines. Les médecins restent de marbre face à ce drame. Une course contre la montre est engagée. Le mari finira par trouver une astuce pour sauver sa femme, mère de leurs deux fillettes.

Plutôt que d’écrire un véritable scénario et d’engager des acteurs, le réalisateur choisit de rencontrer Nazif et Senada, les deux protagonistes de ce fait-divers, et leur propose de jouer devant la caméra leur propre rôle dans leur propre village de Poljice, entourés de leurs voisins, et de revivre les événements dramatiques qu’ils venaient de traverser. Ni fiction ni réel documentaire, le film est tourné la caméra à l’épaule en neuf jours avec une équipe restreinte pour un budget de moins de 100'000 dollars. Il nous plonge dans l’incroyable précarité de ce couple et de ses deux fillettes mais aussi de tous les gens de leur village, de leur lutte pour survivre, se chauffer alors qu’il gèle à pierre fendre, trouver de quoi payer la facture d’électricité pour que le courant soit rétabli dans la bicoque qu’ils habitent.

On ne peut qu’être touché par Nazif, ce mari attentionné qui remue ciel et terre pour sauver sa femme, s’occupe en permanence et avec tendresse de ses fillettes, véritables petites lumières dans le film. Et puis il y a la solidarité entre démunis qui est montrée avec simplicité. Danis Tanovic a su éviter le pathos. Tout est dit très simplement avec peu de mots, des regards chaleureux, des images éloquentes qui témoignent du délabrement catastrophique d’une région oubliée. Peut-être ce film contribuera-t-il à mieux comprendre la communauté rom forcée de s’exiler pour survivre et qui échoue parfois dans nos rues. Le film a remporté l’Ours d’argent (grand Prix du Jury) au Festival de Berlin.

Appréciations

Nom Notes
13
Daniel Grivel 14
Antoine Rochat 14