Racine du coeur (La)

Affiche Racine du coeur (La)
Réalisé par Paulo Rocha
Pays de production Portugal, France
Année 2000
Durée
Genre Divers
Acteurs Luís Miguel Cintra, Melvil Poupaud, Isabel Ruth, Miguel Guilherme, Joana Barcia
N° cinéfeuilles 403

Critique

Paulo Rocha, cinéaste portugais (L'ÎLE DES AMOURS, 1982; LES MONTAGNES DE LA LUNE, 1988; LE FLEUVE D'OR, 1988) continue à nous surprendre. Son dernier film, LA RACINE DU COEUR, réussit à créer une atmosphère très particulière et à frapper par la beauté de ses couleurs (le film est d'ailleurs dédié à Jean Renoir). Mais l'oeuvre reste en même temps d'un accès difficile et ne parvient guère à établir une véritable rencontre entre le cinéaste et le spectateur.

A Lisbonne c'est la crise politique. La campagne électorale bat son plein et des policiers (des «corbeaux» aux chemises noires...) pourchassent un groupe de travestis, les jettent dans le Tage, nus, et font une flambée de leurs robes blanches... Candidat à la mairie, le jeune Caton, un politicien nationaliste sans scrupules, persécute, à force de menaces et de folles promesses, la jeune Silvia, personnage légèrement mystique et recherchant désespérément un amour qui n'est pas de ce monde.

S'appuyant sur une vague intrigue policière, Paulo ROCHA raconte une tragédie, définissant son film comme une «comédie musicale, située dans le futur, sur la corruption politique». Menacée de toutes parts, la ville de Lisbonne - qui joue un rôle plus important que celui d'un simple décor - est convoitée par tous; c'est elle qui est le véritable enjeu de tous les affrontements. Film onirique et nocturne, aux images insolites, LA RACINE DU COEUR peut se lire à plusieurs niveaux, en constante référence avec la littérature et la mythologie. Chassé-croisé de personnages ambigus, ce film assez envoûtant nous plonge dans un monde interlope d'hypocrisies et de mensonges, qui laisse derrière lui des images très fortes, mais un goût très amer.

Antoine Rochat