Dans un jardin je suis entré

Avi Mograbi, réalisateur israélien, est connu pour sa démarche cinématographique fortement critique envers la politique de son pays. Travaillant avec très peu de moyens, il réserve sa caméra à des sujets qui en valent la peine, souvent documentaires, toujours engagés, dans lesquels le conflit du Proche-Orient est constamment présent.

Pour Dans un jardin je suis entré, il part en voyage, dans le pays et dans le temps, avec son ami Ali Al-Azhari, professeur palestinien. Que ces deux hommes soient liés depuis trente ans est déjà un symbole. Leur intimité apparaît à l’écran comme celle de deux hommes qui n’ont jamais cessé de réfléchir au drame vécu par cette partie du monde. Ils le font avec un humour et une distance qui donnent de l’air au film, sans laisser échapper l’absurdité de la situation.
Les voici tous les deux rappelant une époque d’avant les frontières, d’avant 1948, année de la fondation de l’Etat hébreu.  Alors, le feuillet d’une éphéméride de 1936, que retrouve Ali, portait la date du jour selon les calendriers hébreu, arabe et copte. C’était le temps heureux où les communautés n’étaient pas séparées.
Avi s’interroge (avec Ali) sur ces temps-là: qui était son père, que faisait-il sur telle photo? Ali, de son côté revient (avec Avi) à l’endroit où il est né en 1948. Là où se trouvait sa maison, le parc d’une ville israélienne a été aménagé et il y est écrit: «Interdit aux étrangers». Les deux hommes sillonnent ainsi des paysages découpés par de nouvelles frontières qui les traversent tous les deux.  Et soudain, Ali pose une question: «Que ferais-tu si un matin tu te levais et constatais que le conflit du Proche-Orient  est terminé?»