Rock the casbah

Le patriarche d’une grande famille bourgeoise vient de mourir. Nous sommes au Maroc, au sommet de la Vieille Montagne à Tanger, et c’est l’été. Durant les trois jours de deuil, comme le veut la tradition musulmane, sa veuve Aïcha (Hiam Abbass), ses filles et les proches se réunissent dans la superbe demeure coloniale. Il y a Kenza (Lubna Azabal), la plus croyante et proche de son père, Miriam (Nadine Labaki), déçue par sa vie de couple, Sofia (Morjana Alaoui) la rebelle, arrivée de New York après plusieurs années d’absence, ainsi qu’une grand-mère sans peur et la servante. La rencontre entre toutes ces femmes va être l’occasion de faire sauter les verrous des non-dits et des tabous qui les ont écrasées, de chahuter l’image de ce père, mari et amant adoré et abhorré, de comprendre les destins éclatés de la sœur manquante et de son amoureux.
En 2005, Marock, le premier film de la réalisatrice marocaine sur la jeunesse dorée de son pays dans tous ses excès, avait suscité une violente polémique entre laïques et fondamentalistes. Dans Rock the Casbah, à travers le destin de cette famille, c’est toute la question du statut des femmes dans le Maghreb qui est soulevée, entre soumission et rébellion face aux traditions religieuses et familiales, sans oublier les douloureuses inégalités sociales.
Entre drame et comédie, nous assistons au déballage d’émotions qui passent du rire aux larmes et par instants frisent l’hystérie. Ces règlements de comptes se déroulent sous le regard bienveillant et amusé du fantôme du patriarche (apparitions pleines de poésie d’Omar Sharif). Si ce film peut parfois irriter notre sensibilité par les manifestations excessives des sentiments, il expose dans la belle lumière méditerranéenne les liens indélébiles révélés par un deuil.