L'esprit de 45

En 1945, Londres sort de la guerre, dévastée par les bombardements. Ses habitants n’ont pas oublié pour autant la misère qui a marqué l’entre-deux-guerres, les taudis où les enfants mouraient de maladie, la faim, les files interminables de chômeurs, l’injustice et le mépris des plus riches. Pourtant, l’espoir revient avec la paix; l’unité du peuple et la solidarité qui ont prévalu pendant les années difficiles n’ont pas été ébranlées. «Si nous étions capables de financer des campagnes militaires, ne pourrions-nous pas également envisager de bâtir des logements, de mettre en place un service public pour la santé et le transport, de produire les biens nécessaires à la reconstruction du pays?», remarque Ken Loach.

Les élections font triompher  le parti travailliste, le conservateur Churchill est remplacé par le socialiste Attlee, le travail peut commencer. C’est ce que raconte le réalisateur anglais, ce vaste programme conçu pour réhabiliter l’industrie et les services, donner du travail aux sans-emploi, remettre debout des dizaines de milliers de gens. En témoignent, avec un réalisme émouvant,  plusieurs personnes qui ont connu le pire, leurs récits s’appuyant sur des images d’archives très explicites.

Car la démarche de Ken Loach, fidèle à lui-même, est bien de montrer la force d’une gauche unie pour édifier un monde meilleur. «Nous pensions alors que plus jamais nous ne laisserions la pauvreté, le chômage et la montée du fascisme gâter nos vies.» Les travaillistes déchanteront lorsque les libéraux feront de Mme Thatcher leur Premier ministre...

Un peu trop manichéen, sans doute, le réalisateur! Sa sincérité touche cependant. Ce n’est d’ailleurs pas la seule gauche qu’il glorifie, mais  surtout ce formidable élan de fraternité qui a forgé les bases de jours nouveaux. Cette fraternité à laquelle «il est peut-être temps de donner un second souffle aujourd’hui.»