Les Papillons noirs

Michou, la cinquantaine, joue au chauffeur de taxi nocturne pour tromper sa solitude. A Lausanne et dans les environs, il conduit (où? on ne sait trop) trois ou quatre clientes et amies en mal de compagnie. C’est ainsi que l’on croisera Brigitte – qui propose à Michou de venir prendre un café chez elle -, Pascaline – ancienne joueuse de casino qui tente de lui soutirer de l’argent -, Jacqueline – désireuse de traverser de nuit les beaux quartiers des hauts de la ville…

L’option choisie par la réalisatrice Louise Carrin - présenter, en 55 minutes et sans quitter l’habitacle nocturne d’une voiture, une petite galerie de personnages manifestement paumés, solitaires et un peu dépressifs – tient de la gageure. Sans décors extérieurs, sans aucun détail sur les existences passées de Michou et de ses clientes, le film tourne vite en rond, et ce huis clos bascule dans la banalité: les dialogues sont de peu d’intérêt (quelques allusions à des problèmes de cœur, à la richesse des nantis), le pessimisme règne et le langage n’est guère châtié. Dans ce documentaire qui ressemble à un exercice de style cinématographique, on est tantôt silencieux, tantôt volubile, on fume, on boit à l’occasion un petit verre sur le siège arrière, on se passe quelques médicaments ou quelques billets de banque, la voiture s’arrête, le chauffeur chantonne et bâille. Nous aussi…