Boys don't cry

Affiche Boys don't cry
Réalisé par Kimberly Peirce
Pays de production U.S.A.
Année 1999
Durée
Genre Drame
Acteurs Hilary Swank, Chloë Sevigny, Alison Folland, Alicia Goranson, Brendan Sexton III
Age légal 16 ans
Age suggéré 18 ans
N° cinéfeuilles 388
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Ne glosons pas sur la mode des titres ""en français"" de films actuellement ou récemment à l'affiche: SOUTH PARK, AMERICAN BEAUTY, AMERICAN PIE, TOY STORY 2, THE BONE COLLECTOR, FISH AND CHIPS (titre original: EAST IS EAST...), SLEEPY HOLLOW... Toujours est-il que voici encore BOYS DON'T CRY, allusion à une chanson selon laquelle les garçons ne pleurent pas.

Le premier long métrage de la réalisatrice Kimberly Peirce résulte d'un impressionnant travail d'enquête qui, pour elle, s'est également concrétisé sous la forme d'une thèse universitaire. L'opinion publique avait été intriguée - c'est une litote - par un triple meurtre commis à fin 1993 dans un coin perdu du Nebraska, au fin fond des Etats-Unis profonds. Une des victimes est rapidement devenue un mythe, dont se sont emparés journalistes, écrivains et féministes.

Teena Brandon (extraordinaire Hilary Swank, qui s'était fait un nom dans la série télévisée BEVERLY HILLS) estime à l'âge de dix-sept ans qu'elle est victime d'une crise d'identité sexuelle - entendez par là qu'elle voudrait être ce qu'elle ressent au plus profond de son être, à savoir un garçon. Elle fait ce qu'elle peut pour corriger ce que la nature lui a donné, coupant courts ses cheveux, comprimant ses seins, adoptant un timbre de voix plus grave et recourant à d'autres artifices. Séduisante et séductrice, ""Brandon Teena"" a du succès auprès de plusieurs filles, grâce à une tendresse et une délicatesse tranchant sur la rudesse de garçons frustes passant leurs loisirs à se saouler à la bière et à se livrer à des jeux brutaux (rodéo sur camionnette et courses folles à l'aveugle en voiture). Quittant sa ville natale où elle était considérée comme lesbienne, elle gagne un patelin où on la prend pour un mâle bon teint - jusqu'au jour où son passé la rattrape sous la forme d'une contravention établie au nom de Teena Brandon. Film à petit budget, les acteurs logeant dans le même hôtel bon marché (ce qui a contribué à la formation d'un esprit d'équipe bien visible), BOYS DON'T CRY taille au rasoir un portrait sans complaisance d'une société de ""petits Blancs"" engluée dans des conventions étouffantes et incapable de se sortir de la routine d'une vie misérable où la mise d'épinards en boîtes de conserve alterne avec l'assommoir du samedi soir. L'interprétation, par des jeunes encore peu connus, est époustouflante d'authenticité.

Apre comme un alcool frelaté, dure, violente, implacable comme une tragédie grecque, aride comme le désert environnant, l'histoire de la jeune femme qui voulut être un homme est du Steinbeck à la puissance 10. Le spectateur en sort essoré. Comme disait jadis la commission de censure, ""personnes sensibles s'abstenir""."

Daniel Grivel