Quartet

Parler de l’amour de la musique est une chose; montrer dans le même temps la vieillesse avec lucidité en est une autre. Pour son premier long métrage, Dustin Hoffman a réussi à allier les deux avec finesse et une touche d’humour qui tient à l’écart le cafard et la déprime.

La vieillesse n’atténue ni les egos extravagants ni les jalousies et les rancoeurs: en témoignent les pensionnaires de Beecham House, maison de retraite pour musiciens et chanteurs d’opéra, lovée dans la campagne anglaise, somptueuse. Ils s’y querellent comme des gamins, s’envoient des piques, s’épient, ressassent des blessures anciennes mais s’entraident aussi spontanément et donnent dans le sublime dès qu’il s’agit de renouer avec la passion de la musique.

Lorsque Jean (Maggie Smith), ancienne diva, vient s’établir dans la pension, la calme retraite de Reggie (Tom Courtenay), qui fut son mari quarante ans auparavant, est chamboulée. Mais il arrive toutefois à dépasser son ressentiment pour essayer de la convaincre de reformer le célèbre quatuor qu’ils formaient avec Wilf (Billy Connolly), séducteur irréductible confronté à des problèmes de prostate, et Cissy (Pauline Collins), qui perd par moments la mémoire et se retrouve apeurée comme une petite fille que sa maman gronde.

A l’évidence, «Little Big Man», septante-cinq ans, s’est senti concerné par le scénario de Quartet écrit par le Britannique Ronald Harwood, et il a su allier avec tact lucidité, humanité et tendresse. Il a su capter les sentiments à travers un geste, un regard, un frémissement.

La distribution, excellente, fait la part belle à de vrais musiciens à la retraite, ce qui apporte beaucoup d’authenticité au film. Le brio des acteurs fait oublier un scénario un peu trop attendu.