La fille de nulle part

Depuis qu’il est veuf, Michel, professeur de mathématiques à la retraite «radoteur et partiellement cinglé», vit seul et consacre son temps à l’écriture d’un essai sur les croyances (religieuses) qui façonnent la vie quotidienne. Un jour, il recueille et héberge Dora, une jeune femme étrange, SDF, qu’il découvre blessée dans la cage d’escalier de son immeuble. L’amour serait-il au rendez-vous pour ces deux êtres perdus? Dora est-elle la réincarnation de feu l’épouse de Michel ou n’est-elle qu’une hallucination en marge de ses réflexions? Le fantastique, la mort qui rôde, sortent-ils de l’essai de Michel et quel rôle y joue véritablement Dora? Ce ne sont pas les comédiens qui feront découvrir ce film étrange et sincère qui s’offre comme un objet tout à fait particulier, peut-être inachevé, mais plutôt ses dialogues très écrits et prononcés volontairement sans naturel qui font penser à Aki Kaurismaki, en moins assumés, son image très marquée par la peinture, proche de Manuel de Oliveira (L’ÉTRANGE AFFAIRE ANGELICA), et un climat qui oscille entre une sorte de suspense et un conte. Au final, que livre ce film qui a obtenu le Léopard d’or au festival de Locarno 2012? Une réflexion sur la vieillesse? sur la métaphysique? sur la perception (abusée) de la réalité? Chacun optera pour sa lecture tant les pistes ne s’excluent pas les unes les autres.