César doit mourir

Affiche César doit mourir
Réalisé par Paolo, Vittorio Taviani
Titre original Cesare deve morire
Pays de production Italie
Année 2012
Durée
Musique Giuliano Taviani, Carmelo Travia
Genre Drame
Distributeur cinemathequesuisse
Acteurs Cosimo Rega, Salvatore Striano, Giovanni Arcuri, Antonio Frasca, Juan Dario Bonetti
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 679
Bande annonce (Allociné)

Critique

Brutus s’écroule sur scène après avoir choisi de mourir, sachant son crime impardonnable. César le relève et les deux acteurs saluent le public. La représentation s’achève sous les applaudissements. Les lumières s’éteignent et chaque comédien redevient un détenu qu’un gardien escorte jusque à sa cellule. Revisité à la lumière de leur vécu par des condamnés à de très lourdes peines de prison, le drame de Shakespeare, relatant les luttes fratricides qui déchirèrent la république de Rome sous Jules César, est soudain terriblement actuel et singulièrement poignant. Sacré William!

Leurs caméras plantées dans le quartier de haute sécurité du pénitencier de Rebibbia près de Rome, les frères Taviani ne se sont pas contentés de filmer les prisonniers répétant la pièce de Shakespeare sous la direction inspirée du metteur en scène de la prison, Fabio Cavalli. Du film documentaire, ils glissent imperceptiblement vers la fiction théâtrale. Et ne cessent plus de naviguer entre les deux genres, saisissant de façon remarquable ces moments extraordinaires où chaque détenu se retrouve confronté par le texte qu’il interprète à sa propre existence, à son enfermement interminable, aux tourments de ses choix, à ses amitiés, ses haines, à ses émotions. Le metteur en scène faire dire à chaque acteur le texte de Shakespeare dans son propre dialecte local, ce qui lui permet de se l’approprier et le prend forcément tôt ou tard aux tripes.

Le film est un formidable révélateur d’un processus de reconquête de soi de la part d’hommes qui ont commis des crimes très graves et ont été exclus de la société pour très longtemps. De retour dans sa cellule après la représentation, le détenu qui tient le rôle de Cassius cherche du regard la caméra et dit: «Depuis que j’ai connu l’art, cette cellule est devenue une prison». Douloureux constat qui nous étreint. Les frères Taviani ont choisi le noir et blanc, très contrasté, avec de superbes jeux de lumières qui accentuent le côté expressionniste et tragique des visages, parfois de véritables trognes, ne réservant la couleur que fugacement pour la représentation finale sur scène, qui ouvre et clôt le film. Avec ce dernier long métrage absolument remarquable, les deux frères italiens ont remporté l’Ours d’or du meilleur film lors de la 62e édition de la Berlinale.

Appréciations

Nom Notes
17
Georges Blanc 15
Daniel Grivel 17
Nadia Roch 19
Antoine Rochat 17