Réalisé par | Wong Kar-Wai |
Titre original | The Grandmaster |
Pays de production | Chine, Hong-Kong, France |
Année | 2013 |
Durée | |
Musique | Shigeru Umebayashi |
Genre | Biopic, Arts Martiaux, Action |
Distributeur | filmcoopi |
Acteurs | Zhang Ziyi, Chang Chen, Tony Leung Chiu Wai, Qingxiang Wang, Tielong Shang |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 678 |
Véritable leçon de cinéma beaucoup plus que grand moment d’émotion, ce film retrace par ellipses l’histoire d’un maître de l’école du wing-chun (kung-fu chinois) et futur professeur de Bruce Lee. C’est en 1936, dans un temps de chaos, de divisions et de guerre – la période de la république a succédé à la chute de la dernière dynastie impériale –, que tout commence: Ip Man (Tony Leung qui joua dans IN THE MOOD FOR LOVE) démontre son extraordinaire habileté – son art – à l’occasion des adieux, dans le sud du pays, du Grand Maître Gong Baosan, et y rencontre sa fille Gong Er (Zhang Ziyi), surnommée «64 mains», car seule à connaître une figure mortelle de son père. Cependant, c’est le disciple Ma San dit la Lame qui, contre toute attente et au grand dam de Gong Er, succèdera à son père en le trahissant, en analogie aux événements politiques qui déchirent la Chine d’alors, lorsque le nord-est est envahi par le Japon…
1950, Hong Kong: Ip Man, qui a tout perdu (les siens et sa fortune), y retrouve Gong Er, toujours bien décidée à se venger de Ma San… Les péripéties pourraient s’enchaîner et transformer cette réalisation extrêmement soignée en film d’action. Mais Wong Kar-Wai détourne l’action pour tenter de faire saisir ce qui est en jeu en-deçà ou au-delà des mouvements qu’il filme avec moult détails comme une chorégraphie. D’ailleurs, il précise: «Certains cherchent à récupérer ce qui leur appartient légitimement. D’autres veulent percer à jour des événements mystérieux. D’autres encore allument des feux ou se servent de lampes pour éclairer le chemin à parcourir.» C’est pourquoi le kung-fu tient ici lieu de parabole où s’opposent avec majesté l’horizontal et le vertical, le déshonneur et la gloire. Ainsi, au sein d’une époque trouble, le chemin d’un maître – son identité et ses valeurs – se dessine, entre apogée et chute, exil et retrouvailles.
Kar-Wai filme avec tant de beauté les combats – et notamment ceux incluant Gong Er – que l’on en oublie la violence qu’ils supposent parfois. Car si celui qui oppose Man San à Gong Er est effectivement terrible, celui qu’elle dispute avec Ip Man serait perdu par ce dernier si un élément du décor s’en trouvait abîmé. C’est dire que la maîtrise du réalisateur fait écho à celle des gestes de Ip Man, où la rigueur le dispute à l’intégrité et où l’esthétique se couple à l’éthique.
Serge Molla
Désolé pour mes chers confrères et néanmoins amis... mais je n'ai pas été subjugué par le Grand Maître. Certes, Wong Kar-wai est un virtuose de la caméra; certes, ses acteurs (Tony Leung en particulier) sont excellents; certes, ses choix musicaux sont judicieux. Toutefois, j'ai éprouvé le même sentiment que devant MY BLUEBERRY NIGHTS, à savoir que le cinéaste chinois devenait hollywoodien. Pendant la vision de presse, et avant même les citations d'Ennio Morricone, je me disais que le film aurait pu être intitulé IL ETAIT UNE FOIS LA CHINE. J'avoue qu'il me manque certainement quelques clefs culturelles pour décrypter les subtilités d'un récit qui peut paraître assez embrouillé, mais la préciosité affichée par le réalisateur me tue, avec le perfectionnisme jusque dans le moindre détail (ah! les tissus et les broderies, les volutes de fumée d'opium...), les ralentis outranciers, la dissection des mouvements (ah! les éclaboussures d'eau et les franges de neige...). Comme disait Claude Lelouch, tout ça... pour ça!
Daniel Grivel
Daniel Grivel
Nom | Notes |
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Serge Molla | 17 |
Daniel Grivel | 11 |
Georges Blanc | 14 |
Geneviève Praplan | 15 |
Anne-Béatrice Schwab | 15 |