Botiza

Affiche Botiza
Réalisé par Catherine Azad
Pays de production Suisse
Année 2012
Durée
Genre Documentaire
Distributeur jmhdistributions
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 677

Critique

Avec BOTIZA, l'excellent documentariste Frédéric Gonseth et sa femme Catherine Azad font cadeau d'un long métrage «juste magnifique» (pour être à la mode) sur une petite sélection des quelque 3'000 habitants de Botiza, village des Carpates roumaines. Une version contemporaine des Géorgiques.

Au début du film, le spectateur se trouve planté, comme la caméra, le long de la grand-rue où défilent des chevaux attelés à des chars à échelles et à roues à pneus, ainsi que des paysans à pied et à vélo. Des flocons de neige tombent de plus en plus drus. Les saisons rurales se succèdent comme celles de Vivaldi, ponctuées par des musiciens locaux chers à la famille Cellier (on se souvient des émissions anthologiques de Marcel, découvreur et lanceur de George Zamfir et de tant d'autres).

À Botiza, où les paysans vivent en autarcie - la mine a été fermée, l'exploitation forestière ne rapporte plus rien, il n'y à plus d'emplois pour les jeunes -, les chevaux sont une force vitale, ils sont respectés et bien soignés par leurs propriétaires, car ils permettent d'accomplir des travaux lourds en des lieux inaccessibles aux tracteurs. La population est attachée aux traditions: on va chaque dimanche à l'église, toutes générations confondues, en costume folklorique ou en jeans et polo; on cuisine à l'ancienne (pas de plats préparés par l'industrie agro-alimentaire...); les femmes filent, teignent aux colorants naturels et tissent la laine des moutons; on sème et on cultive bio ce qui est nécessaire à ses propres besoins. Au milieu de paysages sublimes, d'images bucoliques, de gestes ancestraux (que l'on retrouve encore dans nos régions alpestres: le foin fauché à la main, transporté dans des fleuriers - des ponns aux Grisons - et conservé sous forme de meules pouvant durer trois ans), le spectateur se trouve dans un temps biblique suspendu.

Ce temps durera-t-il encore? Afin de pouvoir rester au village, les jeunes doivent aller se faire de l'argent ailleurs, par exemple en récoltant des asperges en Allemagne ou en vendangeant notamment en Suisse (salut aux Wannaz et autres Paccot!). Les débouchés en Roumanie sont minimes: à quoi bon faire des études de médecine pour se retrouver manoeuvre agricole en Espagne?

BOTIZA est un film qui dit beaucoup de choses, avec coeur.Une année durant, les réalisateurs ont côtoyé les protagonistes et les présentent avec empathie: on se sent frères de ces hommes, de ces femmes, de ces jeunes endurants, qui acceptent avec philosophie mais sans résignation des conditions de vie rudes. À l'heure des fraudes alimentaires incarnées (!) par les lasagnes à la viande de cheval, grâce à Frédéric Gonseth et Catherine Azad, on découvre que les paysans roumains, dépendant largement de leurs chevaux de trait - des bêtes qui n'ont rien de rossinantes -, ne mangent pas leur viande: ils l'abandonnent aux ours et aux loups, ou vont vendre à vil prix leurs compagnons de vingt ans au marché à des grossistes qui écoulent leurs carcasses sur le marché européen.

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 16