The Sessions

Depuis quelques années, diverses institutions s’interrogent sur la façon de permettre à leurs résidents de vivre la découverte de leur corps, voire de leur sexualité. Ce film, qui aborde un sujet sensible et des questions trop longtemps occultées, devrait aider au débat.

Mark, qui vit la majeure partie de ses journées enfermé dans un poumon d’acier, souhaite perdre sa virginité, devenir à ses yeux un homme à part entière. Il recourra pour cela à une thérapeute qui va lui permettre d’aimer «comme tout le monde». Ce film relate ainsi l’histoire vraie et bouleversante de Mark O’Brien, basé sur son roman intitulé On Seeing a Sex Surrogate. Sur un tel sujet, on peut craindre le pire, mais ici la surprise est au rendez-vous, tant le sujet est traité avec intelligence, au point que l’émotion se fait sa place.

Tout d’abord, il y a le fait que le personnage de Mark (John Hawkes) a de l’épaisseur. C’est un homme qui tout à la fois n’a cessé de se battre avec ou contre ce corps qui ne répond à rien. Il a mené avec succès des études de lettres et rédige ponctuellement des poèmes. Il s’interroge sur la vie, sur le sens de son état, tout en ayant de solides convictions religieuses (catholiques). Aussi en vient-il à partager avec le Père Brendan (William H. Macy), curé de sa paroisse, ses doutes sur la possibilité de faire appel à une thérapeute sexuelle - et de ne pas pécher contre Dieu. Et là, relevons la qualité de la rencontre entre l’homme d’Eglise et ce paroissien particulier: pas de faux-fuyant, mais une véritable écoute mutuelle.

Dès lors, avec l’assentiment dudit prêtre, Mark va prendre contact avec Cheryl (Helen Hunt), celle qui devrait l’aider à «devenir comme tout le monde» et qui, elle le précise très clairement lors de leur premier rendez-vous, n’a rien à voir avec une prostituée. Elle exerce une thérapie particulière, en ne cherchant nullement à fidéliser celui qui fait appel à elle, limitant pour cela au contraire ses rendez-vous thérapeutiques à six. Alors commence le travail de Mark, et tout d’abord de changement de regard sur lui-même.

Les trois personnages principaux (Mark, le prêtre et la thérapeute), auxquels il faut ajouter notamment la jeune femme qui s’occupe quotidiennement de Mark, tissent ensemble une histoire où le respect et la dignité des êtres et de leur désir sont au centre. Les acteurs se mettent donc non seulement à nu, physiquement parlant - sans pour autant rendre le spectateur voyeur -, mais psychologiquement parlant également, tant ils partagent leur questionnement à propos de la sexualité, de la conjugalité (voir le couple de la thérapeute) et des convictions religieuses.

Certes, il n’est pas facile de prendre en compte la sexualité des personnes vivant en institutions thérapeutiques, pénitentiaires ou autres. Cela requiert beaucoup de respect et certainement quelques changements de mentalités. A cet égard, cette réalisation soignée et subtile par sa prise en compte des convictions diverses de chacun mérite vraiment le détour et une réflexion prolongée.

Note: 16