Cyanure

Sombre, brutal, le sujet du premier film de Séverine Cornamusaz, librement adapté de Rapport aux bêtes, le roman de Noëlle Revaz, a frappé par l’obscurantisme de son personnage central (Paul). Après CŒUR ANIMAL (2009), ce deuxième essai s’inscrit dans une atmosphère plus ouverte. De nouveau, Marcel Beaulieu et la réalisatrice coécrivent le scénario. De nouveau, au centre du récit se trouve un homme (Joe) de qui viennent tous les problèmes. «Paul et Joe se ressemblent. J’aime les personnages simples, sans masque social, impulsifs; ils sont plus cinématographiques», assure Séverine Cornamusaz.

A 13 ans, Achille (Alexandre Etzlinger) n’a jamais vu son père Joe (Roy Dupuis), un voyou, flambeur, arrêté et condamné peu avant sa naissance. Le temps de la remise en liberté est arrivé et l’adolescent n’attend plus le jour de retrouver ce père qu’il a transformé en héros. Il rêve d’une vraie vie de famille. Sa mère, en revanche, plus consciente de la réalité, s’est usée à l’instabilité de son homme et commence à en aimer un autre (Christophe Sermet).

Ce drame banal éclaire plusieurs réalités. Celle du garçon qui a rempli de fantasmes le vide laissé par son père. Celle de la mère qui se retrouve face à des choix douloureux, lourdement conséquents. Celle de Joe, emmêlé dans sa psychologie d’inadapté, incapable de prendre ses responsabilités. Faire vivre ensemble ces trois protagonistes exige un doigté qui pèche, ici ou là, dans le scénario, certains gestes viennent trop vite, d’autres vont trop loin. Mais la mise en scène les tient joliment ensemble, leur donne le temps de se retrouver, d’essayer et surtout, de susciter l’empathie, chacun des trois, là exactement où il se trouve.

Sabine Timoteo est candidate au titre de Meilleure interprétation féminine au Prix du cinéma suisse 2013.

Note: 12