Critique
Le réalisateur Laurent Graenicher a posé sa caméra dans une grande Coop genevoise pour réaliser ce documentaire censé nous faire «pénétrer dans les entrailles du supermarché». Dès le début, le ton est donné. De gros camions traversant la nuit pour décharger des palettes; le personnel de la poissonnerie et de la boulangerie préparant leur marchandise; les employés alignant les paquets de chips ou mettant des poulpes dans de la glace, alors que les effets du café matinal commencent à peine à se faire sentir. On salive d’avance de découvrir des choses bien cyniques, bien révoltantes ou inavouables dans la politique de ces géants de la grande distribution.
Et puis? Rien. Le film ne nous montre que des situations banales, sans nous apprendre quoi que ce soit qu’on ne sache, ou n’imagine, déjà. Et surtout, rien qui ait le moindre intérêt. Rien qui ne nous donne envie de condamner ou de défendre la coopérative. On passe plusieurs minutes, par exemple, à suivre une jeune caissière débutante à qui on explique où se trouve son casier et comment elle doit s’habiller. Lors d’une réunion du personnel très détendue à laquelle on assiste, c’est tout juste si on ne récompense pas la responsable du rayon qui a fait le moins de profit lors des dernières semaines. Sans doute les choses se passent-elles autrement hors caméra… On aurait aimé être interpellés, on aurait aimé rire jaune, entendre les états d’âme des employés, des patrons ou des clients. Au lieu de ça, aucun risque, aucun parti pris, aucun point de vue.
En même temps, ce n’est pas surprenant. Si le projet avait voulu être un minimum critique, ou simplement incisif, la Coop n’aurait pas accepté qu’il soit tourné dans ses murs. Mais alors à quoi bon en faire un film? Comme le disait l’ami Shakespeare, beaucoup de bruit pour rien. Dommage. Ce SUPER! est en panne de carburant...
Note: 7
Philippe Thonney
Appréciations
Nom |
Notes |
Daniel Grivel |
8 |
Philippe Thonney |
7 |