Sugar Man

Affiche Sugar Man
Réalisé par Malik Bendjelloul
Pays de production Suède, Grande-Bretagne
Année 2012
Durée
Musique Sixto Díaz Rodríguez
Genre Documentaire
Distributeur cineworx
Acteurs Sixto Díaz Rodríguez, Stephen Segerman, Dennis Coffey, Mike Theodore, Dan Dimaggio
N° cinéfeuilles 673
Bande annonce (Allociné)

Critique

L’histoire de Sixto Rodriguez ressemble à un conte; l’homme serait toujours effacé par sa légende si un réalisateur suédois au nom arabe ne s’était intéressé à lui en le croyant mort. Car la légende insiste sur le suicide d’un chanteur que les producteurs de son temps jugeaient remarquable.

Cette histoire commence à Détroit, ville sinistrée en 1969 déjà. Après une licence en philosophie, Rodriguez y gagne tant bien que mal son pain; sa guitare occupe son temps libre, il chante les tristes quartiers, la misère des enfants de la rue, les amours fanées. Au début des années 70, la Motown, le label qui a produit quelques-uns des grands noms du jazz, reconnaît son talent et enregistre deux albums. L’échec est total. Rodriguez revient dans son quartier et reprend son travail de manutentionnaire.

Or, peut-être par la grâce d’un touriste étasunien, un disque arrive en Afrique du Sud où il trouve son public. Le pays, muselé par l’Apartheid, découvre la critique sociale et brandit en étendard les chansons de Rodriguez. La censure qui veut en stopper l’effet le démultiplie; le chanteur inconnu chez lui devient l’un des plus populaires à l’autre bout du monde.

Quelque vingt ans plus tard, lors d’un voyage au Cap, Malik Bendjelloul rencontre l’acteur Stephen Segerman qui lui parle du phénomène Rodriguez. Il part alors sur les traces de ce chanteur fantôme et raconte sa recherche avec délicatesse et pertinence dans SUGAR MAN. Une mise en scène vivante, enrichie d’archives, construit peu à peu un personnage attachant, militant mais timide, que son échec de jeunesse n’a pas aigri. Le triomphe que lui fait l’Afrique du Sud ne lui monte pas non plus à la tête. L’homme garde les pieds sur terre, dans sa pauvre maison et son humilité; assurément, c’est un beau caractère. Mais le film éclaire une autre réalité méconnue, celle des effets de l’Apartheid sur une jeunesse enfermée par la censure. Dans ce contexte, le pouvoir d’un homme et d’une chanson ressemble beaucoup à «l’effet papillon»…

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 15
Geneviève Praplan 15
Anne-Béatrice Schwab 18