Critique
Ce premier film d'un jeune réalisateur suédois a connu dans les pays du Nord et en Suisse alémanique un énorme succès. Il peint le portrait d'un groupe d'adolescents dans une petite ville où l'on paraît s'ennuyer très fort. Ainsi l'alcool, des substituts de drogue et la sexualité semblent les seules distractions d'une jeunesse aux portes de l'ennui, pour ne pas parler de désespoir.
Tourné avec des jeunes, ce film se veut le reflet authentique d'une réalité contemporaine. C'est ce qui explique son succès et ce style propre à la culture scandinave. Ce souci de vérité conduit à une réalisation proche du documentaire et à l'absence de tout esthétisme. C'est un peu de l'art brut.
Mais la question est de savoir si les jeunes acceptent ce miroir et s'ils se reconnaissent. Plus grave encore, qu'est-ce que ce constat peut leur apporter si ce n'est le poids de leurs propres problèmes. Il reste à souhaiter vivement que ce soit au moins l'occasion de réfléchir, d'en discuter avec les copains ou avec les adultes. Et peut-être aussi de refuser ce portrait qui conduit à une impasse et qui cautionne le désarroi et le mal de vivre. Il est permis de rêver.
Maurice Terrail
