Critique
Ce film est une adaptation du roman philosophique de Victor Hugo publié en avril 1869. De nombreuses réalisations autour de cette œuvre furent tournées, notamment celle de Paul Leni (USA, 1928). Si la version muette de l’Américain est un pur chef-d’œuvre, remplie d’émotion et de sensibilité, celle de Jean-Pierre Améris est un pur ennui, rempli de lourdeur et de laideur. L’histoire relate le destin croisé de trois personnages meurtris par la vie: Gwynplaine (Marc-André Grondin), jeune garçon au visage mutilé dont la cicatrice lui donne un sourire permanent, Dea (Christa Theret), jeune femme aveugle et Ursus (Gérard Depardieu), vagabond accompagné d’un loup. Ils sillonnent les routes et donnent des spectacles mettant en scène les deux jeunes gens. Gwynplaine devient très vite une vedette: ce succès le guide vers la célébrité et la richesse mais l’éloigne des deux êtres chers qui l’ont aimé et accepté avec son visage balafré.
Certes, l’atmosphère du roman de Victor Hugo n’est pas facile à adapter, présentant davantage des personnages fantasmagoriques que des héros. Cependant, cette œuvre littéraire est d’une richesse extraordinaire, un véritable plaidoyer pour la beauté intérieure, perceptible par l’âme et non par le regard. La misère en opposition à l’oisiveté excessive des riches est un thème récurrent, mettant en évidence l’écart entre la vie des nobles et celle du peuple. Dans le monde des privilégiés, le vide et l’hypocrisie sont omniprésents. Dans l’univers très pauvre des forains, la survie est possible grâce à la solidarité. Les gens se serrent les coudes et surtout montrent respect et tolérance face à la différence. Le discours rend hommage aux vraies valeurs, soit les richesses intérieures et l’authenticité de l’être humain. Cette histoire rappelle la célèbre phrase du Petit Prince de Saint-Exupéry: «On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.» Malheureusement, cette adaptation moderne ne perçoit que trop peu la grandeur et la qualité de ces écrits. La reconstitution est artificielle et manque de profondeur. Dommage!
Note: 10
Nadia Roch
Appréciations
Nom |
Notes |
Daniel Grivel |
9 |
Geneviève Praplan |
9 |
Nadia Roch |
10 |
Antoine Rochat |
10 |