Critique
Artiste «radicale» par excellence, née en Serbie en 1946, Marina Abramovic est devenue, par la force de sa présence et de son corps mis à nu, une sorte de spécialiste-vedette de la «performance artistique». Usant à la fois de séduction, d’audace et flirtant avec le scandale, elle œuvre depuis plus de quarante ans en dehors de toute norme établie. Utilisant son corps comme médium, dépassant parfois ses propres limites - quitte à mettre en danger son intégrité physique - elle crée des sortes d’«œuvres physiques» qui provoquent et émeuvent, qui peuvent choquer aussi. Le documentaire du cinéaste américain Matthew Akers accompagne l’artiste avant, pendant et après une rétrospective historique de son travail, au Museum of Modern Art (MoMA) de New York.
Le titre du film s’explique par une particularité: Marina Abramovic a décidé d’être elle-même présente durant les trois mois de l’exposition, à raison de six jours par semaine et de huit heures par jour. Elle a choisi de rester assise sur une chaise, au milieu de l’atrium, immobile et silencieuse. Devant elle vont passer trois quarts de million de visiteurs, invités - ceux qui le veulent! - à venir s’asseoir en face d’elle, dans un dialogue silencieux, les yeux dans les yeux…
On pourra - ou non - entrer dans la démarche et déceler, à des degrés divers, une forme de présence artistique, mêlant esthétique et émotion. Mais le documentaire s’intéresse plus au présent qu’au passé, ce que l’on pourra regretter: les prémices, l’évolution et les différentes étapes du processus artistique se réduisent à quelques explications rapides, à quelques allusions événementielles.
Reste un film intéressant qui aborde et repose l’éternelle question de l’Art, de ses limites et de sa définition.
Note: 13
Antoine Rochat
