War Witch (Rebelle)

Affiche War Witch (Rebelle)
Réalisé par Kim Nguyen
Pays de production
Genre
Distributeur Agora
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 669

Critique

Dix ans après son premier film, LE MARAIS, qu’il a scénarisé et réalisé, le cinéaste québécois filme et révèle le drame des enfants-soldats, en suivant le destin et le sort réservé à une jeune fille de 12 ans. Ou le rappel hélas nécessaire d’une tragédie qui ne devait pas être occultée et à laquelle personne ne devrait jamais s’habituer.

Tourné entièrement en République démocratique du Congo, ce film relate l’histoire terrible d’une jeune enfant, Komona (Rachel Mwanza, remarquable), prise dans l’engrenage d’un commando d’enfants-soldats. Hantée par l’assassinat de ses parents qu’elle a été contrainte de tuer, elle va tenter de survivre malgré tout et de se faire une place dans un environnement difficile, pour ne pas dire insoutenable. Aux côtés d’un autre jeune garçon albinos, qu’on appelle Magicien (Serge Kanyinda), appartenant au même commando et qui tombe amoureux d’elle, la petite Komona va devenir l’atout principal et la maîtresse du Grand Tigre Royal, chef suprême des rebelles.

Plus qu’un film-choc sur l’univers des enfants-soldats, qui serait alors analogue à JOHNNY MAD DOG de Jean-Stéphane Sauvaire, WAR WITCH s’intéresse en premier lieu à Komona et fait partager son regard, son effroi, ses craintes et surtout son désir d’apporter un jour une sépulture digne à ses parents qui hantent ses cauchemars et parfois ses visions de petite fille. Le film renforce aussi la thèse selon laquelle dans ces conflits (oubliés), les jeunes filles et les femmes sont les premières victimes. Certes, la réalité abordée est insoutenable mais, heureusement, la violence est ici beaucoup plus suggérée que véritablement montrée. En outre, l’accent étant donné au devenir d’une gosse et non aux explications historiques et politiques qui ont conduit à cette horreur, le spectateur pénètre un monde étranger au cœur d’une Afrique qui n’a rien de touristique. C’est notamment l’occasion d’approcher les relations aux ancêtres, une demande en mariage ou un rituel funéraire, aussi sobre que bouleversant, et de pénétrer l’univers des albinos, tout à la fois rassemblés et perçus comme ayant quelques vertus magiques.

Pour son premier rôle au cinéma, Rachel Mwanza est, d’ailleurs tout comme Serge Kanyinda, d’une étonnante justesse. Aussi cette jeune Congolaise a-t-elle réussi à rendre crédible le destin de cette gosse à qui l’on a volé son adolescence et peut-être même sa vie d’adulte. C’est ainsi qu’elle a remporté au final l’Ours d’argent de la Meilleure actrice au Festival de Berlin en 2012 pour sa solide interprétation d’une enfant qui n’a jamais demandé de grandir avec une kalachnikov dans les mains.

WAR WITCH est certes un film dur, comme le peut l’être la réalité. Il n’offre pas un divertissement, mais il confronte à un réel qui hélas dépasse la fiction. C’est le prix de l’authenticité.

Note: 16

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 15
Daniel Grivel 16
Serge Molla 16
Nadia Roch 15