Nez dans le ruisseau (Le)

Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, est né il y a trois cents ans. A l’heure des commémorations de toutes sortes, le réalisateur français Christophe Chevalier choisit la fiction pour parler de lui.

Trois personnages se rencontrent à la suite d’un hasard télévisuel. La journaliste (Anne Richard) est chargée de réaliser un reportage sur l’auteur des «Confessions». Lors d’un micro-trottoir comme les médias en commettent trop, elle enregistre des propos surprenants de la part d’un enfant, Tom (Liam Kim), garçon de 10 ans, mûri plus tôt que les autres. Troublée, elle interroge un spécialiste de Rousseau, Auguste (Sami Frey, enseignant passionné par l’illustre philosophe). Son émission consacrera le savoir, celui, acquis, du professeur et celui, inné, de Tom. Mais ce même savoir ne va pas tarder à interroger une pratique journalistique vouée au sensationnel et à l’utilisation abusive du public.

Une grande délicatesse imprègne tout ce film tourné à Confignon, le village de la campagne genevoise qui accueillit Rousseau lorsqu’il fuit Genève en 1728. Christophe Chevalier ne propose pas la biographie du philosophe. Il en prend l’une des grandes idées - son goût pour la liberté, avec les contraintes que cela implique - pour construire son scénario en l’accrochant à la beauté de la nature. Celle à laquelle l’homme n’appartient plus car il n’est pas bon, soutient Tom qui a découvert tout seul le drame de l’humanité.

Parfois peu spontané, parfois maladroitement interprété, ce film touche pourtant par la sensibilité avec laquelle il aborde la relation entre ses trois personnages et la façon dont leur amitié modifie leur vie. Le message de Rousseau n’y est jamais étranger, tantôt explicite, tantôt implicite, à travers de beaux plans consacrés à la nature. LE NEZ DANS LE RUISSEAU offre une piste, à partir d’une histoire d’aujourd’hui, pour redécouvrir une philosophie qui ne vieillit pas.

Note: 12