Rachel Gladstein (Juliette Gombert), 9 ans, a une maman (Agnès Jaoui) surprotectrice et envahissante et un papa (Denis Podalydès), rescapé d’Auschwitz, dépassé par les problèmes de sa fille. Comble de malchance: elle doit partager sa chambre avec sa mémé (Judith Magre), vieille dame inquiétante qui s’est entourée d’une kyrielle de photos de défunts. Rachel voudrait s’émanciper de l’étouffante tutelle maternelle: elle envie secrètement sa camarade de classe Marine Campbell qui vient de perdre sa mère. Elle aimerait faire partie du club des amies de Barbie, mais sa mère est contre les poupées Barbie et l’idéologie qu’elles véhiculent. Rachel se met à dormir avec son cartable d’école et se replie de plus en plus sur elle-même. Sa mère se décide à l’envoyer chez une pédopsychiatre (Isabella Rossellini). C’est à ce moment que Valérie (Anna Lemarchand), une camarade d’école délurée, débarque dans sa vie. Rachel peut commencer à passer aux feux rouges, à s’éclater avec cette copine un peu rock and roll sous l’œil bienveillant de la mère de cette dernière (Isabelle Carré), bohème, chaleureuse et bordélique.
Carine Tardieu a adapté le roman de Raphaële Moussafir avec laquelle elle a longuement travaillé le scénario et les dialogues. Les deux femmes se sont inspirées de leur propre enfance. Résultat: une comédie légère et grave sur le parcours initiatique, dans les années 80, de deux gamines qui ont envie de s’affranchir des adultes et de leurs propres angoisses. La réalisatrice a déniché deux fillettes dont le jeu est incroyablement juste. Ces gamines contribuent à donner de la sortie de l’enfance un portrait sensible et pertinent. Agnès Jaoui, la silhouette enveloppée et le visage nu, campe une matrone entre deux âges plus vraie que naturel.