Une Chanson pour Shangaï

On les appelle les «Montagnards chantants». Ils vivent à Wiesenberg, dans le demi-canton de Nidwald. Au cœur de ces paysages tout droit sortis des livres de Heidi, ils sont agriculteurs, paysans, éleveurs, fauchant des prairies aux pentes vertigineuses pour nourrir leur bétail. Ce travail intense est constamment irrigué par le yodel qu’ils pratiquent comme ils respirent. Depuis vingt ans, ils forment un groupe, le Yodel Club Wiesenberg, répètent avec un professeur et composent des airs inspirés par leur quotidien. Dans la région, on compte sur eux pour célébrer les étapes de la vie, naissances, mariages, enterrements. Ils participent aussi à des festivals de musique.

C’est ce que montrent Bernard Weber et Martin Schilt, une vie rythmée par cette passion du yodel incrustée dans le terroir. Jusqu’au jour où le groupe est invité à un concours télévisé et le gagne. En une soirée, il devient célèbre loin à la ronde et son talent est reconnu. Et, tandis que les engagements se multiplient, les Wiesenberger reçoivent une invitation de la Confédération à la représenter à l’Exposition de Shanghai. Le film s’attache à une question: comment maîtriser le vedettariat, et conserver l’amitié du groupe que menacent des prises de position divergentes.

Même si ce n’est pas son propos, il manque à ce documentaire une petite séquence explicative de ce qu’est le yodel et comment on l’aborde en tant que chanteur. Cela mis à part, il offre un superbe portrait de ces hommes d’âges différents, dont l’authenticité et l’honnêteté méritent le respect. Le film gagne sa richesse en se concentrant sur leur sens de la démocratie et de la responsabilité, sur la profonde compréhension de leur métier et la gravité dont ils font preuve une fois mis au pied du mur. Incontestablement, la santé mentale de ces chanteurs égale leur talent!