The Deep Blue Sea

Affiche The Deep Blue Sea
Réalisé par Terence Davies
Pays de production U.S.A., Grande-Bretagne
Année 2011
Durée
Genre Drame, Romance
Distributeur rialto
Acteurs Rachel Weisz, Tom Hiddleston, Simon Russell Beale, Ann Mitchell, Jolyon Coy
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 661
Bande annonce (Allociné)

Critique

Une femme songe à un amour qui l’a emportée en haute mer, là où la profondeur donne le vertige. La suivre invite à un bouleversant voyage.

Avant tout deux longs plans: un premier et un dernier, accompagnés d’une musique, grave, obsédante, celle du concerto pour violon n. 14 de Samuel Barber (1910-1981). En quelques instants, tout est dit et éprouvé. Non que la suite soit inutile, bien au contraire, mais le ton, la gravité, le destin presque, sont exprimés via un mouvement de caméra et un son qui déploient l’intériorité et préfigurent la destinée des êtres avec lesquels le spectateur va cheminer une heure et demie durant. Et cela comme dans une pièce de théâtre classique, dans une dramaturgie jouant unité de lieu, de temps et d’action.

Londres, années 50, Hester Collyer (Rachel Weisz) tente de se suicider. Elle est sauvée par la femme qui la loge dans sa pension. Au bord du gouffre, elle repense à sa vie. N’a-t-elle pas épousé trop rapidement le juge William Collyer (Simon Russell Beale), ce qui la conduite à une vie privilégiée, mais futile? Aurait-elle pu ne pas se tourner vers Freddie Page (Tom Hiddleston), le jeune ami de William? Pourrait-elle, pourraient-ils, demain encore, assumer cet amour qui, d’une certaine manière, les dépasse? Leur liaison saurait-elle résister au temps et demeurer un amour éperdu, mais hélas non partagé, qu’Hester ressent encore au plus profond d’elle-même? Cette femme courageuse, qui osa quitter son mari pour l’amant, a-t-elle dès lors véritablement d’autre choix que celui de mettre fin à ses jours? Et William, est-il condamné à la vengeance et la haine? Pourraient-ils se retrouver?

Ce film parle avec beaucoup de sensibilité de l’amour défendu, du désir refoulé et de la peur de la solitude, mais il est avant tout une histoire d’amour profondément touchante, brillamment mise en scène, artistement filmée et interprétée par une Rachel Weisz bouleversante. Avec force, les images ne s’embarrassent pas de dialogues lorsqu’elles sont suffisamment parlantes, ni de musique lorsque celle-ci ne ferait pas sens. C’est d’ailleurs là que cette réalisation s’impose comme majeure, car tout est au service du scénario et de l’émotion intense qu’il souhaite dégager. Certes, on risque de considérer que l’on est (trop?) proche du théâtre (le film est inspiré d’une pièce éponyme de Terence Rattigan), mais lorsque les objets glissent vers les visages, ou inversement, et que ce mouvement permet encore une plus grande intériorité et écarte le mélodrame pour s’affirmer pleinement comme un drame, alors il s’agit véritablement de cinéma, de celui qui veut cerner les êtres et leurs atermoiements au plus près. Qu’est-ce que l’amour, où conduit-il? Vers l’autre, vers soi? Et surtout à quel prix? L’expression anglaise que reprend le titre atteste de la difficulté d’un choix. Lorsqu’un irrépressible amour vous étreint et vous conduit au large et en eaux profondes, difficile de ne pas se noyer. Ce que traduit à sa manière le dernier plan, empreint de lumière, qui conduit, hors de l’appartement de Hester et Freddie, vers quelques décombres, en laissant bien des questions en suspens.

Note: 17

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 17
Daniel Grivel 17