Thérèse Desqueyroux

Affiche Thérèse Desqueyroux
Réalisé par Claude Miller
Pays de production France
Année 2012
Durée
Musique Mathieu Alvado
Genre Drame
Distributeur pathefilms
Acteurs Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Isabelle Sadoyan, Catherine Arditi
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 669
Bande annonce (Allociné)

Critique

Il y a soixante ans exactement, Georges Franju portait à l’écran le roman de François Mauriac, avec Emmanuelle Riva dans le rôle-titre et Philippe Noiret. Pour son ultime film, Claude Miller a choisi Audrey Tautou et Claude Lellouche. On connaît l’histoire, qui fit scandale à sa parution en 1927, celle d’une jeune femme décidée à vivre sa vie, dût-elle empoisonner son mari à cet effet. Claude Miller, qui approchait de la fin de ses jours, en livre une version lisse, refoulée et formatée pour le petit écran.

Audrey Tautou interprète une Thérèse très retenue (certes, le personnage veut un peu cela, mais on ne sent pas la passion qui devrait bouillonner à l’intérieur); Claude Lellouche fait un mari bonnasse et un peu nigaud qui ne justifie pas l’aversion qu’il inspire à Thérèse.

C’est un film en costumes, qui fait le portrait de ces familles de la grande bourgeoisie landaise où les mariages sont arrangés pour agrandir les domaines. La réalisation en est soignée pour ne pas dire académique. Mais on reste froid devant ce qui ressemble un peu à un musée de cire: tout est là mais, malgré l’incendie d’une pinède, il manque l’étincelle donnant de la vie aux personnages.

Daniel Grivel


En 1962, Georges Franju avait réalisé une première adaptation du roman de François Mauriac, respectant scrupuleusement la structure d’un récit composé d’une série de retours en arrière.

Cinquante ans plus tard, le cinéaste Claude Miller - disparu en avril dernier - a complètement modifié la structure temporelle du récit, la réduisant à un banal déroulement chronologique d’événements. Si l’histoire reste la même, l’optique change fortement dans la mesure où le spectateur ne découvre le «crime» de l’héroïne que beaucoup plus tard.

Mauriac s’est inspiré d’un fait divers survenu à Bordeaux dans les années 20. Une jeune femme très intelligente, Thérèse, s’était sentie incapable d’échapper à l’emprisonnement de sa famille, à la domination de son mari assez rustre et incapable de la comprendre, à la pression d’une bourgeoisie repliée sur elle-même, étouffante, murée dans la tradition et la respectabilité. Lorsque le scandale de l’empoisonnement éclatera dans la bonne société de Bordeaux, la famille fera tout pour cacher les choses et défendre celle que l’on soupçonne, avant de la condamner, plus tard, à une solitude complète.

Si la Thérèse du roman semble avant tout victime d’elle-même (Mauriac ne cache pas ses défauts), celle de Franju paraissait victime de la société: le film gardait une agressivité sociale que la THERESE DESQUEYROUX de Claude Miller n’a pas conservée. Le personnage de Thérèse a plus de peine à convaincre, malgré le talent d’Audrey Tautou qui s’efforce de bien traduire le durcissement progressif de son personnage se repliant hors du monde.

Claude Miller ne fait pas appel à la psychologie, donnant simplement la priorité aux expressions du visage. Le traitement formel du film reste très classique, voire académique, et le récit, linéaire et sans véritables points forts, engendre parfois une forme de monotonie.

Antoine Rochat

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 13
Geneviève Praplan 12
Nadia Roch 10
Daniel Grivel 13
Anne-Béatrice Schwab 13