Polluer le paradis

Affiche Polluer le paradis
Réalisé par Fatih Akin
Pays de production
Genre Documentaire
Distributeur inconnu
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 659

Critique

Il avait tourné partiellement DE L’AUTRE CÔTE DU PONT dans le petit village de Camburnu, où il avait découvert que les autorités de la région de Trébizonde avaient décidé de centraliser les ordures sur le site d’une mine désaffectée à ciel ouvert, ce qui préoccupait beaucoup la population locale et son maire, malgré les garanties promises. Fatih Akin a donc suivi l’évolution du projet jusqu’à son aboutissement catastrophique. Ne pouvant pas être toujours sur place au long de six ans, il a délégué une partie du filmage au photographe du coin, et il a interviewé de nombreuses personnes, aussi bien citoyens qu’officiels de tout poil.

Le constat est accablant. L’étanchéité des terrassements s’est révélée nulle, les drainages insuffisants; les milliers de tonnes d’ordures, censées être compressées et sinon stérilisées du moins désinfectées sont déversées en vrac. Et nivelées au bulldozer. Bonjour la puanteur et la pollution des nappes phréatiques par les «eaux noires» avec les répercussions que l’on imagine sur les plantations de thé dont vivaient les villageois. Manifs, refus du maire de délivrer le permis de construire, rien n’y a fait: le jardin d’Eden s’est littéralement transformé en géhenne. Les citoyennes (les femmes ont été nombreuses à se mobiliser) et les citoyens (plus partagés selon leurs options politiques) n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et leurs doigts pour se boucher le nez.

Un bon documentaire qui montre que mépris de l’environnement et langue de bois sont universels, qui ne connaîtra probablement pas le grand écran, mais que l’on pourra voir un jour sur Arte.

Daniel Grivel