Critique
En pleine canicule, un sympathique couple de jeunes graffeurs rêve de peindre une fresque mythique dans un stade new-yorkais pour être ainsi vu et reconnu de tous. Ils vont donc tout mettre en œuvre pour réaliser ce geste, mais ce n’est pas si simple… Cette tentative permet à Adam Leon d’offrir un premier film façon Spike Lee, en plus tendre et moins acide, au scénario bien construit et au rythme sans à-coups. Ses personnages sont attachants et ses comédiens interprètent avec beaucoup de naturel ces jeunes de quartiers où la laideur de l’environnement est presque l’unique horizon. Etonnamment, la bande-son mêle raps et gospels, comme pour mieux réconcilier les générations de ces «kids» urbains à celle de leurs parents.
Et si le vocabulaire et les attitudes paraissent parfois restreints, il est clair qu’ici la rudesse n’exprime que la surface d’êtres dont le potentiel relationnel affleure dans bien des gestes qui génèrent l’émotion. Belle réussite que cette première réalisation qui, une fois n’est pas coutume, se balade dans la Grosse Pomme, sans déverser une violence insupportable, mais sème, contre toute attente, tendresse, voire poésie.
Serge Molla