Broken

Affiche Broken
Réalisé par Rufus Norris
Pays de production Grande-Bretagne
Année 2012
Durée
Musique Electric Wave Bureau
Genre Drame
Distributeur frenetic
Acteurs Tim Roth, Cillian Murphy, Bill Milner, Rory Kinnear, Robert Emms
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 667
Bande annonce (Allociné)

Critique

Skunk, jeune fille de 11 ans souffrant d’une grave forme de diabète, vit dans un quartier où le calme n’est qu’apparent. Derrière les façades cossues et les visages présentant bonne figure se dissimulent les peurs, les jugements, voire les détestations implacables. Et cela tant du côté parental que de celui des adolescentes et adolescents en pleine découverte de la sexualité et des jeux de l’amour. Tout cela a pour conséquence la difficulté d’accepter l’autre tel qu’il est, fût-il handicapé ou atteint dans sa santé. Alors comment grandir sainement lorsque les certitudes de l’enfance cèdent le pas aux dures réalités de l’âge adulte où chacun se confronte aux forces qu’il a et non plus aux rêves qu’il projette?

Les acteurs et le montage excellent à charger ce terrible scénario d’un drame local et ordinaire d’une tension palpable qui ne faiblit pas. Au travers notamment du regard de Skunk et de son père (Tim Roth), une véritable épaisseur est accordée à ces personnages pris dans un milieu où les cloisons mentales dédoublent les cloisons sociales.

Serge Molla


Rufus Norris, metteur en scène de théâtre et d’opéra, livre avec son premier long métrage une œuvre forte et lyrique, portée par des acteurs bien dirigés et soutenue par une musique remarquable. Se concentrant sur le microcosme d’un lotissement suburbain, il partage la fibre sociale d’un Ken Loach.

Skunk Cunningham (Eloise Laurence, pour la première fois à l’écran) est une adolescente à la fois fragile et forte. Fragile parce que orpheline de mère et diabétique, forte parce que courageuse. Elle est ébranlée par une scène de violence: rentrant chez elle, elle voit son voisin Rick (Robert Emms), garçon à la limite de la débilité mentale, se faire méchamment tabasser par un autre voisin, M. Oswald (Rory Kinnear), persuadé qu’il a violé une de ses trois filles - trois pestes que, vu l’absence de la mère, il surprotège avec possessivité. Skunk (sobriquet un peu puant puisque c’est le nom anglais de la mouffette) angoisse à la perspective de commencer le collège et de subir les bizutages et brimades promis aux «bleus». Au milieu de cet environnement hostile, elle se trouve, avec son frère Jed (Bill Milner), un refuge insolite, une vieille caravane dans un cimetière d’autos.

Chérie par un père attentionné mais accaparé par ses activités d’avocat (Tim Roth, qui retrouve ici avec bonheur le cinéma indépendant de ses premiers rôles), ses journées ponctuées par les contrôles de glycémie, l’adolescente doit affronter la peur et l’injustice. A la maison, elle assiste aux prises de bec entre Kasia (Zana Marjanovic - sa jeune tante?) et son soupirant Mike (Cillian Murphy), qu’elle retrouvera comme maître dans son collège.

Par un montage subtil et le recours aux flash-back, Rufus Norris crée un climat anxiogène; des causes apparemment insignifiantes peuvent conduire à des situations catastrophiques. Faussement accusé par une des filles Oswald, le jeune Rick se retrouve interné pour un temps indéterminé; dénoncé tout aussi calomnieusement par une autre de ces filles, Mike est sauvagement agressé par le père Oswald dans sa propre classe, sous les yeux horrifiés de ses élèves. La progression dramatique se fait implacable, à tel point que le spectateur en vient à ne plus être surpris par des effets téléphonés. Bien sûr, on peut trouver que la concentration de familles à problèmes en un espace si restreint et l’accumulation de situations paroxystiques sont excessives. Mais plus d’une fois on est saisi par l’émotion, et on tombe sous le charme de Skunk, rayon de soleil et de pureté dans un monde bien sombre. Un monde où, comme le suggère le titre du film, les gens sont cassés - ce qu’illustre de manière récurrente un grappin géant happant et fracassant des carcasses de voitures.

Daniel Grivel

 

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Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 17
Georges Blanc 18
Serge Molla 17
Geneviève Praplan 12
Anne-Béatrice Schwab 18