A perdre la raison

Affiche A perdre la raison
Réalisé par Joachim Lafosse
Pays de production France, Belgique, Luxembourg, Suisse
Année 2012
Durée
Genre Drame
Distributeur filmcoopi
Acteurs Emilie Dequenne, Niels Arestrup, Stéphane Bissot, Tahar Rahim, Baya Belal
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 659
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le jeune couple de Murielle et Mounir conjugue la passion. Depuis des années, Mounir, d’origine marocaine, vit chez le Dr Pinget, avec qui il a développé une relation très forte. Aussi est-ce naturellement ou presque que le jeune couple bénéficie encore de l’aile protectrice dudit médecin et qu’il partage son appartement puis la maison que ce dernier leur permet d’acquérir. Les années passant, le couple devient famille avec quatre enfants, alors que la dépendance à l’égard du médecin ne fait que s’accentuer. Du coup ce qui paraissait hier une offre généreuse ne devient-il pour Murielle en particulier qu’un piège insidieux. Magnifiquement porté par trois comédiens (Emilie Dequenne, Tahar Rahim et Niels Arestrup), ce huis clos familial conduit vers de très sombres rivages dont on ne sort pas indemne. Joachim Lafosse sait filmer l’inquiétude, le trouble, l’angoisse et, sans paroles - c’est la puissance de son image -, il crée ainsi une insupportable tension. Une fois n’est pas coutume, la crise conjugale examinée au bistouri n’a pas pour cause quelque adultère ou crise de jeunisme; cette fois-ci, c’est beaucoup plus sérieux. Et terrible.

Serge Molla


Quatre cercueils blancs sont embarqués sur un avion pour le Maroc: dès les premières images du film du Belge Joachim Lafosse, la tragédie est annoncée et le suspense volontairement torpillé. La question n’est donc pas de savoir ce qui va arriver mais comment cela va arriver. Tout commence par une jolie histoire d’amour entre Murielle (Emilie Dequenne), enseignante, et Mounir (Tahar Rahim), jeune Marocain qu’un médecin belge aisé (Niels Arestrup) a pris sous son aile.

Les deux tourtereaux se marient pour le meilleur et pour le pire: ils sont obligés d’habiter chez le vieux médecin, qui les manipule discrètement pour les garder auprès de lui, les privant de toute intimité et de toute autonomie. Il leur faut bientôt se serrer parce que Murielle a donné naissance à quatre enfants, coup sur coup. Toute la smala déménage dans une maison grâce à la générosité du médecin, qui renforce ainsi son emprise sur le jeune couple. Murielle se sent de plus en plus prisonnière de la maison, reléguée au rôle de mère nourricière. Les deux hommes ne la voient pas s’étioler. Le jeune mari se révèle lâche et égoïste, s’offrant des vacances en solo au Maroc alors que sa femme est à bout de nerfs. La jeune femme ne quitte plus la gandoura informe que sa belle-mère lui a donnée. Sa façon à elle de nier sa propre existence.

Joachim Lafosse est parti d’un drame familial qui avait ébranlé toute la Belgique et a imaginé la lente descente aux enfers de la jeune mère infanticide. Le film est éprouvant, oppressant, dévastateur. Etrange, le choix par le réalisateur, d’une musique baroque, complètement décalée, pour accompagner le naufrage de la jeune épouse. Emilie Dequenne est bouleversante dans sa lente métamorphose en femme niée et effacée par les autres. Quand elle chante «Femmes» de Julien Clerc, qu’elle entend à la radio dans sa voiture, on craque avec elle. Mais est-ce cela qu’on veut voir quand on choisit de se faire une toile?

Nicole Métral

 

Ancien membre

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 14
Daniel Grivel 16
14
Serge Molla 15
Geneviève Praplan 18
Antoine Rochat 15