Critique

Beau défi relevé par ces sept cinéastes pour offrir un portrait de la ville mythique, pour faire pénétrer, via sept scénarios, au cœur d’un lieu trop souvent réduit à des stéréotypes de cigares, de voitures américaines rutilantes, de musique et de filles faciles, du Che… Du lundi au dimanche, chacun, à tour de rôle, s’immerge à La Havane qui multiplie les contrastes et les richesses.

Peu, voire pas de politique, dans cette fresque en sept tableaux où l’humour s’invite tout autant que le regard ethnologique. Certains personnages, certains lieux comme l’Hôtel Nacional ou le Malecon glissent d’un chapitre à l’autre, les couches sociales se croisent, se côtoient et parfois se mélangent.

Teddy, jeune touriste américain, découvre la ville (Benicio Del Toro); Emir Kusturica (joué par lui-même) découvre inopinément un formidable trompettiste (Pablo Trapero); Cécilia, chanteuse, est tentée par l’émigration (Julio Medem); Elia Suleiman joue le clown blanc et se perd pour mieux se révéler (Elie Suleiman); des parents organisent un rituel pour exorciser leur fille qu’ils soupçonnent homosexuelle (Gaspar Noé); Mirta oscille entre psychologie et préparation de gâteaux (Juan Carlos Tabio); et Martha fait ériger une autel marial au cœur de son appartement (Laurent Cantet). Tant de personnages qui donnent corps et chair à une ville où les couleurs et la musique expriment, voire chantent la vie d’une manière étonnante. Mais le charme si particulier ce cette ville, qu’a voulu traduire l’équipe de réalisateurs, ne durera peut-être plus longtemps. Serait-ce le prix que La Havane devra payer pour son ouverture à venir?

Note: 13

Serge Molla