Wilaya

Affiche Wilaya
Réalisé par Pedro Pérez Rosado
Pays de production Espagne
Année 2011
Durée
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Nadhira Mohamed, Memona Mohamed, Mohamed Said Salem, Jatra, Aziza Brahim
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 659

Critique

A la mort de Franco en 1975, l’Espagne abandonne le Sahara occidental - sa dernière colonie - au Maroc et à la Mauritanie, sans demander l’avis des populations autochtones avides d’indépendance. Rassemblés dans le Front Polisario, les autonomistes réagissent en fondant la République sahraouie démocratique. La répression marocaine est immédiate, poussant des milliers de personnes à se réfugier dans le sud-ouest algérien, près de Tindouf. Elles y vivent encore, trente-sept ans plus tard, oubliées de tous, alors que la question du Sahara occidental n’est toujours pas réglée. Voilà pour la réalité.

Le film maintenant. Sahraouie, Fatimatu (Nadhira Mohamed) a été élevée en Espagne depuis ses 10 ans. Seize ans plus tard, elle revient dans sa famille pour la mort de sa mère. Son pays est, justement, l’un de ces camps de réfugiés et l’alternative qu’elle affronte la déchire: repartir en Espagne où elle s’est formée et où l’attend - peut-être - son compagnon? Ou rester dans cette famille auprès de sa sœur Hayat (Memona Mohamed), partager avec elle cette vie ankylosée par le sable et la tradition, dans ce milieu à la fois grandiose et figé auquel elle se sent malgré tout enracinée?

Après plusieurs voyages dans les camps de Sahraouis, le réalisateur espagnol s’est concentré sur la situation des jeunes qui n’ont pas connu autre chose que le statut de réfugié. «Ils ont grandi avec leurs propres parents ou leur famille adoptive. Les villes espagnoles les remplissent d’excitation tandis que les camps resteront toujours leur patrie. Devoir choisir entre vivre en Espagne avec des possibilités de travail, d’études et de liberté n’est pas facile.»

L’histoire contée par WILAYA (Réd.: ce titre vient du mot désignant une circonscription administrative, en Algérie et au Maroc notamment) est des plus ténues; c’est l’ambiance qui est forte. On y perçoit les atermoiements de la protagoniste, on comprend ses craintes et ses désirs. Autour d’elle s’ébroue le camp et son existence difficile, ses règles parfois douteuses. Bien ancré dans sa fiction, Pedro Pérez Rosado ouvre une fenêtre bienvenue sur la vie de ces réfugiés. Car, tandis que la société espagnole n’est que suggérée, celle des réfugiés est montrée dans son quotidien.

Est-elle meilleure? En elle, Fatimatu, découvre les valeurs liées à la famille et à l’amitié, mais aussi celles qui naissent de la confrontation au désert: loin de l’encombrement sonore des pays occidentaux, elle expérimente un silence que seul habite le vent et dans lequel l’être humain peut se retrouver face à lui-même. C’est ce qui va l’aider à choisir.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 12
Daniel Grivel 13
Serge Molla 13
Antoine Rochat 14