Sur la route

La première adaptation de Sur la route, le plus fameux roman de Jack Kerouac, aurait pu être tournée par Francis Ford Coppola d’après un scénario de l’écrivain étasunien Russel Banks. Prévu en 2001, le tournage n’a jamais commencé et c’est le Brésilien Walter Salles (CENTRAL DO BRASIL, 1998; CARNETS DE VOYAGE, 2004), qui met l’œuvre à l’écran.

Lorsque, peu après la mort de son père, Sal Paradise (Sam Riley) rencontre Dean Moriarty (Garrett Hedlund), c’est le coup de foudre d’une amitié qui va retourner sa vie. Ecrivain novice terminant ses études, il découvre un personnage au charme ravageur, qui incarne au sens propre son désir éperdu de vivre. Il part alors vers l’est américain avec Dean et sa femme mineure Marylou (Kristen Stewart). Vivre, pour le petit groupe auquel se joignent parfois d’autres poètes, c’est le jazz, le sexe, l’alcool, la benzédrine, que nettoie l’air du large. C’est, de fait, une immense fuite en avant.

Jack Kerouac, alias Sal, va s’inspirer de ses allées et venues à travers les Etats-Unis, de ses incursions au Mexique pour écrire Sur la route. Walter Salles n’oublie pas de montrer Sal, crayon à la main, enfoncé dans ses carnets. Soignant la reconstitution de l’époque - de 1949 à 1952 -, il montre surtout la route et la déroute, filmant tout près des visages pour débusquer l’âme de ses personnages. Y répondent de larges panoramiques, immensité des paysages, tantôt dorés, tantôt enneigés, dans laquelle Paradise se perd à la recherche de lui-même. «Géographie physique» et surtout «géographie interne», comme le note le réalisateur.

Beau film, SUR LA ROUTE n’est pas une biographie, mais un reflet - trop aimable? - de ce que fut Kerouac, poète errant et passionné, poète maudit.