Opération Libertad

Affiche Opération Libertad
Réalisé par Nicolas Wadimoff
Pays de production Suisse, France
Année 2012
Durée
Musique Christof Steinmann
Genre Drame
Distributeur filmcoopi
Acteurs Natacha Koutchoumov, Stipe Erceg, Nuno Lopes, Laurent Capelluto, Karine Guignard
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 659
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un quinqua embourgeoisé exhume des cassettes vidéo qu’il a tournées en 1978, alors qu’il avait 20 ans. Il avait été sollicité par un groupuscule révolutionnaire clandestin genevois qu’il fréquentait pour filmer l’action qu’ils avaient planifiée contre une banque UBS. Les activistes arrivèrent au moment même où Vilas, un agent de la dictature du Paraguay, déposait de l’argent sale à la banque. Le jeune homme a tout filmé de sa caméra sautillante: l’enlèvement, non planifié, de l’agent paraguayen, sa captivité dans différents squats abandonnés, son calvaire et sa mort qui ne faisait pas partie du plan.

Le but de cette opération était de dénoncer la collusion entre les dictatures et le système bancaire helvétique, par l’envoi aux journaux télévisés des cassettes vidéo témoignant de l’action du groupuscule. Mais le braquage, qui se voulait non violent, foire. La petite équipe de guérilleros à la gomme se retrouve avec une valise pleine de millions et un mort sur les bras. Le casse qui a dégénéré divise la petite équipe. Fallait-il en arriver à cette violence? L’action en vaut-elle la chandelle? Nicolas Wadimoff avait 13 ans en 1977. Il avait été impressionné par l’enterrement de la bande à Baader cette année-là et était, de son propre aveu, fasciné par ces jeunes gens chevelus et barbus en parka, le poing levé.

Quelques mois avant le tournage de son film, Nicolas Wadimoff dit avoir été rattrapé par l’Histoire: en juillet 2010, un avocat paraguayen, militant des Droits de l’homme, a entamé des procédures pour exiger la restitution de cinq milliards de dollars placés par la dictature du général Stroessner dans des comptes secrets en Suisse. Le scénario écrit par Jacob Berger n’en est que plus crédible. La reconstitution des années 70 est un peu folklorique, et tout le film, censé être fait des rushes tournés ces années-là, est pénible à regarder, la caméra bougeant sans arrêt pour faire document d’époque pris sur le vif par un amateur. C’en devient même insupportable.

Par ailleurs, le long métrage de Wadimoff ne pousse pas la réflexion politique très loin. Au spectateur de la mener lui-même! «Le film n’est pas un manifeste», insiste le cinéaste. C’est plutôt une caricature, avec des jeunes idéalistes un peu branquignols. Or, les jeunes militants de cette époque, marxistes, trotskistes ou maoïstes qui s’affrontaient, menaient une réelle réflexion politique à partir de leurs ouvrages de référence lors de séances interminables dans des locaux enfumés. Ne reste dans l’opus de Wadimoff que la fumée de ces séances. Car on fume sec tout au long du film et on se pète aussi parfois au cannabis. Ça fait très années 70. Pas si sûr…


Appréciations

Nom Notes
8
Georges Blanc 10
Geneviève Praplan 9