Oiseau sans pattes (L')

Affiche Oiseau sans pattes (L')
Réalisé par Valérianne Poidevin
Pays de production
Année 2011
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Box Productions
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 659

Critique

Avec L’OISEAU SANS PATTES, la jeune réalisatrice franco-suisse Valérianne Poidevin propose un documentaire au ton résolument intimiste, voire espiègle par moments. Un premier long métrage dans lequel elle dessine le portrait de son oncle, Jean-Yves Durand, la cinquantaine, routier de longue date, qui parle de la difficulté de faire un métier qu’il n’aime pas, un métier inconciliable avec d’autres activités auxquelles il aurait souhaité s’adonner, comme la littérature et le théâtre. Pour réaliser son film, elle s’est embarquée avec lui dans son camion, partageant ainsi sa vie de routier pendant plusieurs jours.

La cinéaste dit se référer à Alain Cavalier: son cinéma sera donc épuré et le fil rouge ténu. Les plans fixes sont nombreux (arrêts dans les zones industrielles, séquences dans la cabine du chauffeur), entrecoupés par la monotonie des images de routes défilant devant eux. On écoute la radio, il y a les téléphones de l’entreprise, on pique-nique, on dort dans le véhicule. Les échanges verbaux entre l’oncle et sa nièce se réduisent au minimum, et le langage n’est pas toujours très châtié… Les considérations de Jean-Yves Durand sur son travail sont désabusées et le ton est au regret: sa liberté n’est qu’une utopie, et il dit vivre en porte-à-faux avec la société. Il n’a pas de femme, pas d’enfants (impossible de concilier cela avec son métier). On sent chez lui la nostalgie d’une autre vie, un goût pour la lecture (il possède une bibliothèque et des romans de qualité) et le théâtre (il a suivi jadis le «Cours Simon»…)

Dans la dernière séquence - qu’il faut prendre comme une confession -, le routier se compare à un oiseau sans pattes: «Je passe ma vie à planer sur la terre, en échappant aux oiseaux de proie, en dormant sur le vent et en ne posant jamais le pied sur le sol…» Si le film, très linéaire, n’offre guère de surprises, s’il garde un petit côté austère, nostalgique et amer, l’hommage familial reste pourtant sensible et délicat.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 11