Prénom (Le)

Représentée pour la première fois en 2010 à Paris, au Théâtre Edouard VII, LE PRENOM est au départ une pièce écrite par les coréalisateurs du film. Du bon théâtre de boulevard, dont la distribution a été reprise pour l’essentiel, mettant en scène des «bobos» pur sucre, de religion israélite - ce qui a son importance: Vincent (Patrick Bruel) et sa femme Anna (Judith El Zein) vont avoir un enfant, et ils annoncent à leurs sœur Elisabeth (Valérie Benguigui) et beau-frère Pierre (Charles Berling) et qu’ils le prénommeront Adolphe. Pas avec un F comme le Führer! mais comme le héros de Benjamin Constant, parangon du romantisme...

Cette annonce incongrue, faite lors de l’apéritif préludant à un repas de famille, donne lieu à une cascade étourdissante de bons mots et de coups... de théâtre. Les compères s’amusent autant que le spectateur. Certes, comparé à CARNAGE, où Roman Polanski a su maîtriser avec brio une pièce (très) écrite pour la scène par Yasmina Reza, LE PRENOM exhale plutôt le parfum suranné des Galas Karsenty et des soirées télévisées «Au théâtre ce soir»; mais c’est bien enlevé, drôle sans vulgarité, parfois émouvant, et les rebondissements survenant pile-poil surprennent à chaque fois. Il ne serait pas étonnant que ce film devienne aussi culte que LE DÎNER DE CONS.