Detachment

Le réalisateur britannique de DETACHMENT s’est d’abord fait un nom dans les clips musicaux. Est-ce la raison pour laquelle son récit ne s’étend que sur trois semaines - mais trois semaines qui comptent dans la vie d’un homme et de trois femmes?

Henry Barthes (Adrien Brody) est un enseignant qui navigue d’école en école au fil de remplacements de courte durée, ce qui lui évite de s’attacher à ses élèves et ce qui semble l’arranger car il tient à préserver sa vie privée. Jusqu’au jour où il arrive dans un établissement mal coté, situé dans une zone déshéritée, que le proviseur Carol Dearden (Marcia Gay Harden) dirige comme elle peut: les élèves sont indisciplinés, les parents inexistants ou agressifs. Les maîtres craquent ou surnagent avec cynisme, tel Charles Seaboldt (savoureuse composition de James Caan).

Henry, qui se veut détaché dans tous les sens du terme, est arraché de sa bulle, d’abord par une élève lors de sa première leçon, puis par une jeune collègue, Sarah Madison (Christina Hendricks), enfin par une toxicomane mineure qui se prostitue, Erica (Sami Gayle), qu’il héberge temporairement.

Le tableau brossé par Tony Kaye est plutôt sombre: les êtres qu’il convoque sont solitaires, souffrent, et seuls quelques-uns sont en quête d’un peu d’espoir. On ose espérer que le système scolaire et les écoliers étasuniens ne sont pas aussi désastreux que cela... Le film, bien fait, est porté par le rayonnement discret d’Adrien Brody qui, par son empathie, n’est pas sans évoquer le serviteur souffrant de l’Ecriture.