Qui plume la lune?

Affiche Qui plume la lune?
Réalisé par Christine Carrière
Pays de production France
Année 1998
Durée
Musique Yann Tiersen
Genre Drame
Distributeur Les Films du Losange
Acteurs Jean-Pierre Darroussin, Garance Clavel, Elsa Dourdet, Michele Brousse, Michele Ernou
N° cinéfeuilles 384
Bande annonce (Allociné)

Critique

Joli titre, joli film de femme (cette ségrégation sexuelle est-elle politiquement correcte? peu me chaut, dans la mesure où elle salue une réalisation fine et sensible). Christine Carrière, qui a plusieurs courts métrages à son actif, en est ici à son second - et, on l'espère, deuxième... long métrage, après ROSINE.

On se prend vite le coeur à cette histoire d'une famille immature où brillent le père (Jean-Pierre Darroussin, qui ne cesse de se bonifier) et ses deux filles, Suzanne (Garance Clavel, qui naguère cherchait son chat) et Marie (Elsa Dourdet, excellente dans son premier rôle). La mère est morte, le père est inconsolable, les filles le maternent.

Le sujet n'est pas gai. Le père, encaisseur à un péage d'autoroute, voyage sur place et patauge dans l'existence, coincé entre sa mère et ses enfants; l'aînée galère comme serveuse puis comme prostituée, la cadette fait un mariage moyen: tout est réuni pour préparer son mouchoir, et pourtant on ne cesse de sourire d'attendrissement et d'émotion devant cette comédie douce-amère.

Christine Carrière brosse avec bonheur le décor de vies désenchantées, auxquelles certains sont tentés d'échapper par le suicide - mais, comme dit le père, «tant qu'il y aura là-haut un con pour plumer la lune», c'est-à-dire pour couvrir un monde glauque d'un tapis de neige miséricordieuse, rien n'est perdu. Même si, ici, les plumeurs de lune sont des anges bien terrestres.

Loin des modèles clinquants hollywoodiens, QUI PLUME LA LUNE? plaide en faveur de la famille, lieu de tous les possibles, du non-dit comme du hurlé, de l'amour comme de la haine, du partage comme de l'égoïsme. Le regard porté sur les êtres est tendre et empathique, et le spectateur sort de la salle non pas plumé mais porteur d'un «espoir malgré tout».

Daniel Grivel